C’est aujourd’hui que s’ouvre, au Palais des expositions des Pins maritimes de la capitale algérienne, le 27e Salon international du livre. Et si un des thèmes retenus est « L’histoire et la mémoire », les organisateurs semblent avoir une idée approximative de l’histoire et la mémoire sélective. En effet, ils ont annulé sans explication leur invitation aux éditions Gallimard. Il ne faut pas être grand clerc pour voir que cette mesure est directement liée au fait que la maison d’édition parisienne a publié en août dernier un roman de l’auteur franco-algérien Kamel Daoud qui vient d’obtenir le prix Goncourt. L’ouvrage en question, Houris, raconte la « décennie noire » des années 1990 pendant laquelle le pays fut en proie à une guerre civile qui opposa les forces de l’ordre aux islamistes et qui fit 200 000 morts, principalement des civils. Mais, à travers des lois dites d’amnistie, les autorités ont toujours manifesté leur volonté d’étouffer le souvenir de cette période sanglante. C’est pourquoi Daoud et son éditeur ne sont pas les bienvenus de l’autre côté de la Méditerranée.