Les anciennes et les nouvelles puissances impérialistes du monde s’affrontent dans une hostilité croissante pour se partager le marché mondial. C’est le classique « repaire de bandits », unis pour voler les classes subalternes mais divisés dans le partage du butin. Aujourd’hui, un nouveau prédateur asiatique de la taille d’un continent, la Chine, réclame sa part et les rivalités inter-impérialistes s’intensifient. Ce sont les bourgeois eux-mêmes, hier encore champions d’une mondialisation économique porteuse de « paix » et de « démocratie », qui dénoncent ce fait historique, s’abritant dans le protectionnisme et les dépenses militaires, et n’excluant pas de fait une nouvelle guerre mondiale.
Si nous demandons aux organisations internationalistes de tous les pays de poursuivre le débat entamé lors des « rencontres » de Milan en juillet 2023 et février 2024, et de Paris en mai 2025, c’est parce que nous pensons qu’une nouvelle phase de confrontation entre les puissances a commencé.
Des doses croissantes de propagande nationaliste sont en effet diffusées dans toutes les capitales ; les industries de massacre produisent des chars et des avions de combat pour renouveler les arsenaux, tandis que l’Europe et l’Asie se dotent de missiles, les anciens traités qui réglementaient les dissuasions à moyenne portée ayant expiré.
Les conflits qui embrasent la planète, de l’Ukraine au Moyen-Orient, sont dominés par l’exacerbation des tensions inter-impérialistes ; l’Asie se demande quel sera le théâtre de la prochaine « guerre régionale » et quelles puissances y prendront part, directement ou par procuration. En fait, c’est la Chine qui bouleverse les équilibres, suivie par l’Inde. Dans le contexte d’un puissant développement industriel général, Pékin est passé en vingt-cinq ans – pour ne citer qu’un exemple – de 2 à 32 % de la production mondiale d’automobiles, atteignant la part globale de l’Europe (de 28 à 15 %) et de l’Amérique du Nord (de 30 à 17 %) réunies. Si cela montre la taille et le niveau atteint par sa base industrielle, les capitalistes savent que cela constitue aussi un potentiel de guerre : le « dragon chinois » est désormais un géant économique et devient une grande puissance militaire. Nous savons cependant que ces chiffres sont rendus possibles par un secteur tout aussi énorme du prolétariat mondial, le prolétariat chinois, dont les luttes de classe – aussi réprimées ou isolées soient-elles – ne peuvent être empêchées.
C’est donc à nos camarades asiatiques et aux révolutionnaires de tous les pays, appartenant aux grandes familles internationalistes qui se reconnaissent dans l’opposition de classe à la guerre et à tous les États bourgeois – au léninisme, au trotskisme, à la gauche communiste, à l’anarchisme, au communisme libertaire – que nous adressons notre appel. Il est nécessaire de poursuivre et d’élargir le débat franc et constructif entre internationalistes pour aborder les questions posées par la situation internationale et la lutte des classes.
D’une part, l’ordre international de l’impérialisme développe la dynamique de sa propre rupture dans les nouvelles puissances, mais d’autre part, le capitalisme développe dans le prolétariat la force sociale révolutionnaire qui s’y oppose. Le prolétariat chinois compte un demi-milliard de personnes et le prolétariat asiatique des centaines de millions. Notre classe dans le monde, des puissances asiatiques aux jeunes capitalismes africains, grandit non pas jour après jour, mais heure après heure. Dans les vieilles citadelles de l’impérialisme occidental, le prolétariat subit entre-temps l’impact des guerres et de la concurrence mondiale. De rudes batailles défensives sont à l’ordre du jour dans les secteurs bouleversés par la concurrence internationale croissante. Le secteur automobile, tout d’abord, est désigné comme le nouveau grand malade de l’Europe. Toutes les concentrations de travail salarié dans le secteur automobile sont touchées, de Detroit à Shanghai et Chongqing, de Turin à Poissy.
Nous avons approfondi la discussion, sans cacher les désaccords ou les différentes évaluations de la réalité et des moyens d’y faire face, mais en mettant à la disposition de tous les camarades l’ensemble des positions qui ont émergé.
Sur la base du débat, nous proposons d’organiser une quatrième rencontre internationale au premier semestre 2026 à Paris pour poursuivre, actualiser et développer ce dialogue. Le comité de promotion proposera un thème de discussion, également basé sur notre récente réunion.
L’invitation est à nouveau lancée à toutes les organisations qui se réclament des traditions internationalistes du mouvement ouvrier.
Paris, 18 mai 2025
Le comité de promotion d’une initiative internationaliste
internationalistpromcomm@gmail.com
Organisations initiatrices :
Association Marxista Rivoluzionaria Controvento
ControCorrente
Lotta Comunista
NPA-Révolutionnaires
Partito Comunista dei Lavoratori (Parti communiste des travailleurs)
Rivoluzione Comunista
L’internationalisme concret : rencontres de forces internationalistes à Paris les 16, 17, 18 mai 2025
Sommaire du dossier paru dans Révolutionnaires n° 35
- Un cadre d’échanges indispensable, libre et sans concessions
- La gestion d’une petite tour de Babel
- Lotta comunista
- Les difficiles questions internationales et l’intervention des révolutionnaires
- Notre méthode
- Notre intervention
- Contribution du NPA-Révolutionnaires — Texte international
- Contribution du NPA-Révolutionnaires — Texte sur l’intervention syndicale
- Appel pour une quatrième conférence internationaliste à Paris en 2026