Donald Trump a donc été réélu président des États-Unis. Et, cette fois, il obtient non seulement la majorité des grands électeurs, mais la majorité des voix dans le pays. Il conquiert en même temps la majorité au Sénat et conservera probablement la majorité à la Chambre des députés.
Une élection qui se traduira par la poursuite des attaques contre les classes populaires dont le pouvoir d’achat a déjà été miné par l’inflation. L’élection d’un homme coupable de viol est une insulte à toutes les femmes ; d’un homme ayant tenu des propos racistes, une menace pour tous les travailleurs migrants et, au-delà, pour tous les travailleurs. Mais il faut aussi se demander pour quelles raisons des travailleurs noirs ou latino-américains se sont détournés d’une femme candidate noire se réclamant, verbalement au moins, du monde du travail.
Un désaveu de la politique de Biden plus qu’une approbation de celle promise par Trump
Arrivé au pouvoir il y a quatre ans alors qu’on n’était pas encore sorti de la crise du Covid, Biden a mobilisé des centaines de milliards pour subventionner les grandes entreprises. Mais, face à l’inflation qui a rongé le pouvoir d’achat des classes populaires, rien n’a été fait. Après avoir dénoncé la politique raciste de Trump vis-à-vis de l’immigration, Biden-Harris ont durci les conditions de séjour et d’expulsion vis-à-vis des migrants arrivant du Mexique. Et, face à une police raciste qui continue de persécuter, voire tuer, les Noirs, rien n’a été fait non plus, dans la lignée de l’inaction de Barack Obama.
Sur le plan international, Biden a prolongé la politique agressive de l’administration Trump vis-à-vis de la Chine, l’intensifiant même avec des menaces militaires à propos de Taïwan. Biden a poursuivi sa politique d’affaiblissement de la Russie à travers la guerre en Ukraine. Et il a ouvert des crédits illimités pour soutenir la politique génocidaire de Netanyahou à Gaza et, aujourd’hui, au Liban, malgré le risque que, demain, la guerre s’étende dans tout le Moyen-Orient.
Trump : une autre politique en faveur de la bourgeoisie américaine
Trump est peut-être incohérent, mais, derrière lui, il y a des équipes qui ne sont pas constituées d’illuminés, qui défendent une politique, à l’international comme sur le plan intérieur.
Sur le plan international, il mènera sans doute une politique brutale, décomplexée, exigeant l’ouverture des marchés des autres tout en dressant des barrières douanières à l’entrée des États-Unis. Renouer avec Poutine, dont l’impérialisme dans son ensemble a besoin pour faire régner l’ordre dans une partie du monde, fait partie des options possibles de la bourgeoisie américaine. Le peuple ukrainien ne compte pas plus pour Trump que pour Biden.
Sur le plan intérieur, derrière Trump, il y a, entre autres, un Elon Musk, un libertarien, partisan de l’effacement quasi complet de l’État devant les entreprises capitalistes. Trump lui a promis de le charger de la réforme de l’État – et l’on voit dans l’Argentine de Milei à quel point des dirigeants libertariens peuvent s’en prendre aux services publics, aux budgets sociaux, à tout ce qui permet aux classes populaires de garder un peu la tête hors de l’eau.
La lutte de classe, elle, n’a pas dit son dernier mot !
Mais les travailleurs, eux, ont déjà entamé le combat contre la ruine de leur pouvoir d’achat. Des combats victorieux, non seulement dans l’automobile l’an dernier, mais il y a seulement deux jours dans l’aéronautique, avec la victoire des travailleurs de Boeing qui ont obtenu 38 % d’augmentation de leurs salaires sur quatre ans.
Face à la nouvelle administration américaine et au patronat qui, lui, ne change pas, les travailleurs n’auront d’autre choix que de se battre sur le seul terrain où, pour eux, les dés ne sont pas pipés par avance : la lutte de classe.
Éditorial du NPA-Révolutionnaires du 6 novembre 2024
(Pour une version un peu plus longue de cet article, voir sur cette page)