NPA Révolutionnaires

Nos vies valent plus que leurs profits
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Après « l’apaisement » : « l’ordre, l’ordre, l’ordre »

Que les ministres s’appellent Ndiaye ou Attal, Schiappa ou Bergé, Braun ou Rousseau… voilà qui ne change pas grand-chose à la vie des classes populaires. Car si les noms changent, les politiques contre le monde du travail et nos conditions de vie restent inexorablement les mêmes. Il n’y avait donc évidemment rien à attendre ni du remaniement du 20 juillet, ni de l’interview du président depuis Nouméa le 24 juillet.

Macron avait pourtant bien essayé de créer un suspens : quand aurait lieu sa prise de parole (puisqu’il était trop occupé, le 14 juillet, à décorer le dirigeant indien autoritaire et raciste Modi) ? Borne allait-elle rester en place ?

Finalement, le 17 juillet, une note de l’Élysée à quelques médias choisis annonçait le maintien de la Première ministre, ainsi que le succès des « cent jours d’apaisement » ! Il faut croire que, des casserolades aux révoltes des quartiers populaires contre les crimes policiers – sans parler des scandales sur le « fonds Marianne » de Schiappa, les « Uber files » et autres « Rafale Papers » –, Macron se satisfait de bien peu !

Quelques choix parlants

Il a bien martelé son mot d’ordre à la télévision : « l’ordre, l’ordre, l’ordre ». Oui, le maintien de l’ordre social, de l’ordre moral, de l’ordre catastrophique et inadmissible du monde ! Quelques-uns de ses choix de ministres illustrent bien de quel « ordre » il s’agit.

Parmi les entrants, Aurélien Rousseau remplace François Braun au ministère de la Santé. Il était jusqu’alors directeur de cabinet de Borne, mais il a surtout été entre 2019 et 2021 le dirigeant de l’Agence régionale de santé d’Île-de-France, c’est-à-dire l’un des responsables du dépeçage de l’hôpital public à la veille de la crise sanitaire du Covid, et l’un des acteurs de la gestion de la pénurie.

Du reste, sa nomination se place d’ores et déjà sous le signe du soupçon de conflit d’intérêts, son épouse Marguerite Cazeneuve étant membre de la direction de la Caisse nationale de l’assurance maladie, placée sous la tutelle du ministre.

Pendant son court passage, Ndiaye a été un bon soldat du macronisme, poursuivant les suppressions de postes et le développement de la précarité, conditionnant les augmentations de salaire à la signature d’un ignoble « pacte », tout en favorisant le financement de l’enseignement privé… Mais il semblerait que ses propos trop critiques à l’égard de Bolloré aient eu raison de sa place. Celle-ci échoit donc à Gabriel Attal. Ce jeune héritier millionnaire s’est fait connaître en avril 2018 en fustigeant la « gréviculture » pendant le mouvement de la SNCF. L’été suivant, pendant la grève des postiers et postières des Hauts-de-Seine, il était allé distribuer le courrier à Boulogne-Billancourt, son territoire d’élection. Cet enfant de la bourgeoisie, ancien élève de l’ultra-élitiste École alsacienne (aujourd’hui d’ailleurs fréquentée par les enfants de Ndiaye), ne masque pas son mépris pour la classe ouvrière et sa jeunesse. À cette dernière, il n’a à offrir que la perspective du bourrage de crâne et de la mise au pas, avec le Service national universel (SNU), dont il a été un artisan en tant que secrétaire d’État.

Fadila Khattabi, la nouvelle ministre déléguée chargée des personnes handicapées, a quant à elle été condamnée en juin 2023 aux prud’hommes pour ne pas avoir payé les heures supplémentaires de son ancienne collaboratrice parlementaire. Voilà de quoi rappeler, tant aux patrons voyous qu’aux ministres mis en examen, qu’elle est bien l’une des leurs !

La liste pourrait être encore longue. Mais nul besoin d’un tour d’horizon exhaustif pour comprendre que le gouvernement Borne III, dans lequel les principaux ténors n’ont du reste pas bougé, ne présentera aucune différence avec les précédents…

Si ce n’est que notre colère et notre détermination à mettre tout ce monde dehors pourraient bien en être renforcées !

Jean-Baptiste Pelé