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Après le cinquième congrès du NPA : tribunes des plateformes A, B, C

Ci-dessous, des tribunes rédigées, suite au congrès du NPA de décembre 2022, par les plateformes A, B  et C.

Plateforme A : chronique d’une mort annoncée

La plateforme B a choisi d’aller jusqu’au bout du processus de scission du NPA. Nous regrettons amèrement cette décision qui ne pourra entraîner qu’affaiblissement et découragement des deux côtés. La plateforme B porte ainsi une lourde responsabilité dans cette scission alors que nous avions proposé d’autres scénarios de sortie de crise. De leur côté, les camarades de la plateforme C n’ont en réalité fait que bien peu de choses pour éviter cette scission annoncée. Par leur refus de sortir d’un front d’organisations pour refaire parti et en participant à la tension permanente de ce congrès, ils n’ont malheureusement fait que ­précipiter une telle issue.

Les déléguéEs de la plateforme A ont tout fait pour déjouer ce scénario couru d’avance, en défendant leur mandat jusqu’au bout, pour éviter la scission mais aussi le marasme. Nous avons ainsi :

– défendu une sortie par le haut de la crise du NPA en proposant une refondation révolutionnaire qui aurait posé la question de notre projet de parti ainsi que de notre fonctionnement ;

– proposé en ce sens une déclaration de fin de congrès amendable par la B et la C, sans réponse de leur part ;

– participé activement à la commission de fonctionnement des camarades d’Albi ;

– pris nos responsabilités en proposant de mettre au vote une motion de fonctionnement, sur la base du rapport de cette commission, dans un effort désespéré pour éviter la scission, juste avant la suspension de séance.

Mis en face du fait accompli de la scission, nous pensons que ni la plateforme B ni la plateforme C ne peuvent prétendre à elles seules représenter le NPA. Afin d’éviter tout découragement ou départ sur la pointe des pieds des militantEs, nous appelons touTEs les camarades à retourner dans leurs comités, à trouver des modalités de fonctionnement collectif, et ce, dès la semaine prochaine.

La plateforme A se réunira avec touTEs ses votantEs pour décider collectivement de ce que nous ferons dans la période à venir. Si d’autres camarades se reconnaissent dans notre démarche, contactez-nous.

Après un weekend sombre, tout n’est pas perdu. La (re)fondation d’un parti révolutionnaire est encore possible !

Les déléguéEs de la plateforme A

 

 

Plateforme B : nous continuons le NPA, pour un parti des exploitéEs et des oppriméEs, révolutionnaire et unitaire

Le processus du congrès a permis d’engager, avec touTEs les camarades, le débat sur l’avenir du NPA. Il a permis de faire jusqu’au bout les bilans et d’en tirer les conséquences en matière de perspectives politiques et organisationnelles.

Une orientation majoritaire

Les votes d’une majorité de camarades se sont portés pour un NPA unitaire, indépendant et révolutionnaire, menant une politique de front unique pour construire les mobilisations politiques et sociales de notre camp, le prolétariat. De même, une majorité s’est dégagée sur une conception commune de la lutte contre les oppressions, leur caractère subversif, leur insertion dans la lutte des classes tout en respectant leur autonomie. Ou encore sur les questions internationalistes, en s’appuyant sur la construction des solidarités concrètes, sur l’importance de la question nationale, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Et enfin sur la nécessité d’une rupture révolutionnaire avec le capitalisme pour construire une société éco­socialiste, en liant transformation de l’organisation de la production, des modèles de consommation dominants et sauvegarde des ­équilibres écologiques.

Cette orientation a été combattue de façon incessante par les fractions-organisations l’Étincelle, Anticapitalisme & révolution, Socialisme ou barbarie et Démocratie révolutionnaire, regroupés dans la PFC. Leur démarche est en rupture avec ce qu’est le NPA depuis sa fondation, pour construire un hypothétique front des révolutionnaires, regroupés autour du seul projet de dénonciation du réformisme, que nous jugeons identitaire et dogmatique.

La fin de la fiction d’une organisation commune

Enfin, une série de débats se sont cristallisés autour de la question du parti que nous voulons construire. Sans remettre en cause le droit de fraction ou de tendance, qui sont des acquis démocratiques de notre tradition révolutionnaire, nous refusons que des fractions qui sont en réalité des organisations séparées transforment le NPA en un front d’organisations autonomes, en concurrence les unes avec les autres. Cela n’était pas le projet originel du NPA, et ce n’est pas plus le nôtre aujourd’hui. Le NPA est un parti qui s’est construit en tentant de s’inspirer du meilleur des traditions du mouvement ouvrier, pas de ses pires travers.

Durant ce congrès, ce sont donc deux projets pour le NPA qui se sont affrontés, à l’image d’une organisation où dans bien des villes et des comités, les camarades militent déjà de manière séparée voire concurrente. Des tentatives ont eu lieu, avant et pendant le congrès, de trouver les moyens de sortir d’une situation de blocage. Mais nous n’avons pu nous mettre d’accord que sur un constat mesurant l’étendue de nos désaccords.

Puisque la fiction d’une organisation politique commune s’est définitivement écroulée, il est temps d’acter que nous sommes bien des organisations séparées. Cela veut dire que, suite à ce congrès, nous ne serons plus organisés ensemble au sein du NPA, même si nous devrons cohabiter de façon transitoire pour quelque temps encore.

Un parti à la hauteur des enjeux

En 2009, nous avions initié le NPA dans l’espoir de nous regrouper avec toutes celles et tous ceux qui se situaient dans une perspective anticapitaliste, en rupture avec la gauche de gestion du système. Aujourd’hui, nous renouons avec le fil de la construction d’un parti utile pour les exploitéEs et les oppriméEs, plus que jamais d’actualité.

Car en l’absence d’une alternative écosocialiste, appuyée sur l’auto-organisation de celles et ceux d’en bas, la machine capitaliste continue de s’emballer. Pour maintenir leur domination, les capitalistes renforcent leur offensive raciste, islamophobe et autoritaire. Des gouvernements d’extrême droite imposent des politiques discriminatoires, climaticides, réactionnaires. La menace fasciste revient et nécessite vigilance, luttes spécifiques et cadres unitaires pour la combattre.

Internationalistes, anticolonialistes, nos espoirs se nourrissent des mobilisations féministes et contre la dictature en Iran, des grèves pour les salaires en Grande-Bretagne, des manifestations pour la démocratie en Chine, des luttes contre le racisme aux États-Unis, des luttes contre le chlordécone aux Antilles… Nous agissons en solidarité avec ces luttes.

En France, Macron s’en prend aux plus précaires avec la réforme de l’assurance chômage et la loi Darmanin contre les migrantEs. La réforme des retraites porte en elle le projet d’une société de sur-exploitation : travailler toujours plus, plus longtemps et pour des revenus toujours plus faibles. Une provocation contre ceux et celles qui, par leur travail manuel ou intellectuel, font tourner la société, tout particulièrement les femmes. Macron place la barre très haut. Pour lui, ça passe ou ça casse : la réforme ou la dissolution. Nous n’avons pas d’autre choix que bloquer le pays et dégager Macron. Cela implique l’unité des travailleurEs et de la jeunesse, de leurs organisations, de la base au sommet. Pour construire un mouvement par en bas, dans les lieux de travail et d’études, dans les communes et les quartiers.

Anticapitalistes, révolutionnaires et unitaires

Il faut rompre avec le capitalisme qui détruit nos vies. Dans les entreprises et tous les lieux de travail, nous agissons pour construire des outils de résistance collective — syndicats, collectifs, etc. Les combats contre l’exploitation, contre les oppressions et pour la préservation de la planète sont liés. Les luttes écologistes, féministes, LGBTI, antiracistes ont leurs dynamiques et leurs formes organisationnelles, qui participent à construire l’émancipation de touTEs, et leur convergence ouvre la voie à une confrontation avec le système et les pouvoirs qui le défendent.

Nous continuerons de construire et d’animer le NPA, qui sera présent dans toutes les mobilisations. Contre la réforme des retraites, en défense des migrantEs dès les marches des solidarités, pour construire la grève féministe du 8 mars, contre les méga-bassines, la relance du nucléaire et l’enfouissement des déchets à Bure…

À l’échelle locale et nationale, nous lançons une campagne militante pour nous adresser, dans la continuité de la campagne Poutou, à toutes celles et tous ceux qui ont l’envie commune de construire une organisation anticapitaliste, révolutionnaire et unitaire. La première initiative sera une réunion publique à Paris le mardi 17 janvier à la Bellevilloise, avec nos porte-parole Olivier Besancenot, Christine Poupin, Philippe Poutou et Pauline Salingue.

Équipe d’animation de la PFB

Plateforme C : continuer le NPA pour affirmer l’urgence et l’actualité de la révolution

Drôle de 5e congrès, que 102 délégués sur 210, ceux de la Plateforme B (PfB), ont quitté avant même la distribution des mandats, en refusant tout vote. Le parallèle est saisissant avec « l’assemblée représentative » de la FI, qui se tenait le même week-end sans mandat non plus, et sans vote pour éviter, selon les mots de Manuel Bompard, « l’affrontement entre une majorité et des minorités. »

Point d’affrontement mais débat démocratique pour les révolutionnaires que nous sommes ! Débat indispensable dans une situation sans majorité (les deux principales plateformes étant au coude à coude avec 47 voix d’écart) et qui imposait un travail commun et une direction partagée. C’était le mandat d’une majorité de militants dans les AG électives locales, quel que soit leur choix de plateforme, qui l’ont exprimé en adoptant à une large majorité la motion « continuer le NPA » (avec 58,4 % pour et seulement 22,4 % contre, sur 80 % du total des votants puisqu’elle a été présentée dans 38 AG électives sur 43).

Les discussions sur ce fonctionnement commun avaient connu des avancées considérables dans les dernières semaines. Une commission paritaire dédiée, animée par des camarades de la PFB d’Albi et des camarades de la PFC signataires de la motion « continuer le NPA », a rendu son rapport samedi matin. Ces camarades ont considéré, entre autres points positifs, que « la PFC s’inscrit dans la dynamique de la commission pour établir les conditions d’un fonctionnement commun et acceptable pour tous » et a conclu que : « les trois PF ont accepté les règles du jeu, dans une certaine transparence, ont fait des propositions pour alimenter le débat. »

En quittant le congrès, les délégués de la PfB se sont assis sur le mandat des AG électives et sur les travaux de cette commission. C’est un coup de force antidémocratique, annoncé par l’intervention de Philippe Poutou sur BFM le vendredi soir, pendant les travaux d’un congrès auquel il n’assistait pas ce premier jour. Pour quelle politique ?

Quitter une organisation révolutionnaire pour bosser avec la FI ?

Dans cette même interview, l’ancien candidat précise que ce choix est lié à « une situation politique qui se clarifie » en rendant « irréconciliable » l’opposition entre « ceux qui veulent construire un parti de révolutionnaires » et « ceux qui veulent bosser avec la FI. » Nous souhaitons bien du courage à ces camarades qui se disent « unitaires » mais commencent par une scission sans vote, car « construire avec la partie antilibérale de la gauche » ne sera pas une partie de plaisir, à moins de se limiter au rôle de supplétif de la FI comme feue la GA. On espère en tout cas que la FI voudra bien donner à Philippe Poutou, Olivier Besancenot et Christine Poupin l’adresse de ses « assemblées représentatives », et qu’ils ne se retrouveront pas à la porte comme Clémentine Autain !

Ce choix de scissionner notre organisation révolutionnaire pour se rapprocher de la gauche institutionnelle est irresponsable à l’heure où des affrontements sociaux se préparent. Sur fond d’inflation galopante, Macron annoncera le 10 janvier le report de l’âge de départ à la retraite. La NUPES se divise sur la tactique à adopter : les uns soutiennent les efforts de dialogue social de la CFDT (PS, Verts), d’autres proposent la voie sans issue d’un référendum (PCF) et enfin la FI mise principalement sur la dissolution de l’Assemblée. Est-ce aussi dans l’objectif de pouvoir répondre présent à l’appel d’éventuelles législatives sous le slogan « Mélenchon premier ministre » que la direction de la B tente de saborder le NPA ? Comme cela a été défendu par plusieurs dirigeants de la B en cas de dissolution de l’Assemblée nationale.

Continuer le NPA !

Cette politique est une impasse, en rupture avec la candidature indépendante de Philippe Poutou à la présidentielle de 2022. Pas étonnant que pour la mettre en œuvre, les délégués de la PFB aient dû quitter son congrès !

Dans cette situation nouvelle que nous ne pouvons que regretter, la PFC a continué les travaux du congrès et adopté à l’unanimité la motion « continuer le NPA », le rapport de la commission fonctionnement, une déclaration, et ses délégués ont élu un CPN de 51 membres, paritaire et représentatif des régions et secteurs d’entreprises. Nous avons proposé aux délégués de la PfA de s’y joindre, ils ont pour l’instant décliné. Mais cette direction reste ouverte afin d’inclure toutes les sensibilités du NPA, quelle que soit la plateforme.

Les militants de la PFC, majoritaires en région parisienne, à Lyon, à Lille, à Marseille, à Rouen, en Gironde, mais aussi dans les branches transport, auto, le social ou poste et parmi les 400 militants du secteur jeunes, appellent les comités, branches, commissions et directions de fédération à se réunir au plus vite, sans exclusive de plateforme, pour discuter les bilans de ce congrès et continuer l’activité vers l’extérieur, plus que jamais nécessaire à l’heure où notre parti apparaît affaibli par la scission.

Il y a urgence à intervenir dans tous les milieux, dans tous les combats, contre l’exploitation et contre toutes les oppressions pour faire valoir l’actualité de la révolution. Urgence à contrecarrer les illusions institutionnelles ou réactionnaires, par nos perspectives et notre activité, par la mise en mouvement et l’expérience pratique. Urgence à entrer en campagne pour imposer le thème des salaires sur la scène politique — tant il est déjà l’objet de nombreuses grèves comme à Sanofi ou GrDF. Urgence à préparer la riposte contre l’attaque prévue sur nos retraites, riposte que nous proposerons à tous les militants et toutes les organisations syndicales et politiques de gauche, non pas pour se limiter à une « marche » qui appuierait une nouvelle impasse électorale mais pour en appeler à une mobilisation de l’ensemble du monde du travail et de la jeunesse, fusion des nombreuses colères et révoltes venues d’en bas, et à un mouvement qui déborde les calculs des appareils syndicaux et politiques — surprenant même les révolutionnaires !

Urgence à renforcer le NPA comme pôle dans le mouvement révolutionnaire, comme outil de regroupement pour la construction d’un parti révolutionnaire des travailleurs.

Rendez-vous dans les cortèges NPA de la marche des solidarités le week-end des 17 et 18 décembre !

 

Armelle, Aurélien, Gaël, Marie-Hélène, Zara membres du CE du NPA