Samedi 3 juin, les visiteurs de Disneyland Paris ont eu la surprise de voir défiler, en guise de parade, un millier de salariés en colère. Depuis plusieurs semaines, à l’initiative d’un mouvement anti-inflation, des mobilisations sont organisées pour revendiquer une augmentation de salaire de 200 euros net pour tous, pour faire face à la hausse des prix, et des améliorations des conditions de travail. Les grévistes ont voté la poursuite de leur mouvement cette semaine. Dans l’entreprise de vente à distance de produits pour les jeunes enfants Verbaudet, après deux mois et demi d’un conflit très dur, les grévistes s’apprêtent à reprendre le travail la tête haute, après avoir arraché une hausse des salaires de 90 euros net mensuels. Dans bien des entreprises, patrons et gouvernement n’en ont pas fini avec la colère des travailleurs.
Le 6 juin, nous avons encore été nombreuses et nombreux dans la rue, pour affirmer tous ensemble que la retraite à 64 ans, c’est toujours non !
La vraie démocratie, c’est celle de nos mobilisations
Le gouvernement se moque du refus unanime de sa réforme des retraites, exclusivement préoccupé de la notation de la France par les agences de notation financière, qui dépend de sa capacité à mater nos luttes sociales !
Sa belle démocratie consiste à ne pas tenir compte de notre avis et à ne nous laisser aucun moyen institutionnel de contester ses décisions. Après le faux suspense de la décision du Conseil constitutionnel le mois dernier, il paraît que l’issue aurait pu être trouvée cette semaine, avec la proposition de loi du groupe Liot. Las ! Dans la Constitution, tout est prévu pour que ces tentatives soient des impasses : après le 49.3, voilà que le gouvernement a déniché un article 40 de la Constitution, qui bloquerait tout retour sur l’âge de départ en retraite, sous des prétextes d’équilibre des dépenses publiques… Quant au référendum d’initiative partagée, avec lequel on nous a amusés un moment, selon les spécialistes du droit constitutionnel, il est prévu pour ne jamais être utilisé. Depuis qu’il a été institué en 2008, aucune tentative n’a jamais abouti.
Seules les luttes sociales nous permettent de nous faire entendre. C’est bien ce dont a peur le gouvernement. Mais il semble bien qu’il ne soit pas le seul à vouloir tourner la page ! L’intersyndicale n’a appelé à aucune journée de mobilisation entre les manifestations du 1er mai et le 6 juin… Après avoir laissé retomber le souffle, voire indiqué carrément qu’il s’agirait peut-être de la dernière mobilisation sur les retraites, en ne proposant aucune coordination des luttes éparses sur les salaires, l’intersyndicale a tout fait pour que les chiffres des grèves et des manifestations soient inférieurs à ceux des précédentes dates nationales. Au soir d’une journée qui a tout de même rassemblé plusieurs centaines de milliers de travailleurs, de travailleuses et de jeunes, les directions syndicales se sont empressées de ne donner aucune suite, en calquant leur calendrier les débats parlementaires… dont nous avons vu qu’il n’y a rien à en attendre.
Contre Macron, président des riches, la lutte continue
Pour tenter de faire diversion, le gouvernement fait feu de tout bois et fait chorus avec les discours de l’extrême droite : loi Immigration de Darmanin, opération Wuambushu et ses destructions de bidonvilles à Mayotte, sortie d’Attal sur la fraude sociale pour désigner les plus pauvres comme boucs-émissaires, reprise par Le Maire avec une bonne pincée de xénophobie, attaques contre les allocataires du RSA… Dans l’infamie, rien ne les arrête, surtout quand il s’agit de s’attaquer aux plus pauvres.
Mais ils ne peuvent faire oublier la détestation dont ils font l’objet, Macron comme l’ensemble de son gouvernement. Détestation à cause de ce refus de nous entendre, dans un contexte de dégradation de nos conditions de vie et de travail. Dans notre vie quotidienne, tout nous rappelle la violence de leur politique, au service des plus riches. Notre pouvoir d’achat diminue face à des prix qui augmentent sans cesse pour faire gonfler les profits des géants de la grande distribution, de l’énergie, ou d’autres secteurs capitalistes. Ces profits sont bien mis à l’abri grâce à la fraude fiscale, coûtant au bas mot 80 à 100 milliards d’euros par an à l’État, que le gouvernement se garde bien de sanctionner.
Alors, après un 6 juin qui a montré que la colère n’est pas retombée, continuons le combat pour nos retraites, nos salaires, nos conditions de vie et de travail !
Éditorial du NPA du 6 juin 2023