
Il allait voir ce qu’il allait voir, ce lâche de Trump : je lui dirai, avait promis Macron : « Tu ne peux pas être faible face au président Poutine. […] Comment ensuite être crédible face à la Chine si tu es faible face à Poutine. » Arrivé à la Maison-Blanche, le tutoiement n’existant pas en anglais, Macron a bien dû servir à Trump un respectueux « You », et les propos suivants : « Merci beaucoup Monsieur le président, cher Donald, pour votre hospitalité […] cette paix par la force à laquelle vous croyez est celle où nous sommes engagés […] Je salue votre décision de voir le président Zelensky et de finaliser cet accord qui est important pour les États-Unis d’Amérique et pour l’Ukraine sur les minerais critiques, les terres rares… »
Après les bénéfices de la guerre pour les marchands de canons européens, et surtout américains, voilà donc venue l’heure du pillage des richesses de l’Ukraine au nom des dettes de guerre, où les États-Unis ont décidé d’être en tête pour se servir. Trump avait d’ailleurs été le premier auquel Zelensky lui-même avait proposé l’exploitation de richesses du pays, en septembre dernier, alors que Trump n’était pas encore président mais seulement candidat en campagne, même si l’offre serait aujourd’hui ouverte à tous, dit le président ukrainien. Et les États-Unis en revendiquent la part du lion, Trump parlant de 500 milliards d’aides que l’Ukraine aurait à lui rembourser sous forme de concessions minières pour ses multinationales. Quitte à bluffer sur les chiffres, puisque les aides américaines à l’Ukraine seraient plutôt de l’ordre de 135 milliards de dollars (et 120 milliards pour la part des pays européens). « Aides » ou plutôt « prêts »… à rembourser par l’Ukraine !
Les terres rares proprement dites n’en représentent qu’une petite partie, 1 % des ressources mondiales sont répertoriés en Ukraine, contre 60 % en Chine. L’essentiel des richesses sur lesquelles lorgnent les multinationales occidentales sont les métaux particulièrement recherchés aujourd’hui pour l’électronique et les batteries automobiles, nickel, cobalt, graphite, lithium, béryllium, qui représentent 5 % des ressources mondiales répertoriées. Auxquelles s’ajoutent des gisements d’uranium. Un sacré pactole, même si probablement la moitié des gisements ukrainiens (représentant 70 % des ressources répertoriées), est située dans l’est du pays, dans la région occupée par l’armée russe, la future zone de partage de l’Ukraine que Trump prétend négocier directement avec Poutine.
C’est le sous-sol ukrainien qui attire bien des convoitises, les profits d’une reconstruction à venir aussi, tandis que la population ukrainienne vit en partie dans des ruines. C’est au sort de cette population et tout particulièrement de la classe ouvrière des villes et des campagnes d’Ukraine, dont nous avons défendu le droit à disposer d’elle-même face à l’invasion guerrière russe du 24 février 2022, que nous consacrons les quelques articles qui suivent.
Sommaire du dossier
- Après les bénéfices de la guerre en Ukraine, les dividendes de la paix sur le dos de la population ukrainienne
- Le quotidien d’un pays en guerre
- Pendant la guerre, le gouvernement ukrainien continue ses attaques contre les travailleurs…
- Ukraine : sous prétexte de la guerre, une restriction radicale des libertés fondamentales
- Les réfugiés ukrainiens : solidarité européenne et intérêts capitalistes