Ascometal, l’un des derniers bastions de la sidérurgie mosellane, a enfin trouvé un repreneur : le fonds d’investissement anglais Greybull. C’est la conclusion d’un feuilleton angoissant pour les salariés du site et des alentours qui a eu pour toile de fond luttes et négociations de reprise. Plus de 1500 emplois directs et indirects étaient menacés.
L’Italien Venete s’était retiré des négociations, ce qui sentait fortement le soufre pour les employés dans un bassin industriel déjà massacré par la fermeture des mines, les délocalisations et les baisses d’effectifs comme à PSA Tremery et Borny dans l’automobile.
Fin mars, sitôt le placement en redressement judiciaire d’Ascometal, les ouvriers de la sidérurgie se sont mis en grève, avec barrage filtrant des entrées. Ils sont allés jusqu’à empêcher la mise en route des services faute d’effectifs à mettre derrière les machines. Mais l’exploitation sans limite ni logique est aussi une réalité d’Ascometal, ainsi que la démonstration du mépris patronal envers la spécificité des métiers du secteur : des intérimaires avaient été recrutés en masse pour pallier le manque de CDI et de CDD, jusqu’à trouver des équipes entières uniquement constituées d’intérimaires…
Pour tous les ouvriers sidérurgistes, place à la seule dureté du travail : chaleurs suffocantes, jusqu’à 40 heures par semaine, équipes en deux fois douze heures. C’est ce qu’avait imposé la boîte pour écouler les stocks à l’annonce du redressement judiciaire. Les patrons s’en mettent plein les poches, même en période de crise, et c’est aux ouvriers de suer sang et eau.
Greybull, le repreneur britannique, n’est pas un industriel comme les autres. C’est un fonds d’investissement dans l’industrie d’armement : les difficultés d’Ascometal à Hagondange ont attiré les rapaces… à qui l’État a montré patte blanche en assurant une grande partie des investissements requis pour la reconversion de l’appareil productif des différents sites : plus de 100 millions d’investissement ! L’usine, dont les activités étaient destinées à la production automobile, sera désormais tournée vers la fabrication d’obus. Les travailleurs deviennent tout autant de munitionnettes, et de « munitionnets », employés à fabriquer des armes qui iront déchiqueter leurs frères et sœurs de classe d’Ukraine, de Russie et de Palestine. Cela n’a rien d’un coup d’éclat dans le contexte de la montée des tensions entre puissances impérialistes, de l’engagement croissant de la France dans le conflit ukrainien, avec l’envoi d’instructeurs, et, plus largement, dans celui de la marche à la guerre, cadencée par les hausses des budgets militaires (413 milliards prévus sur la période 2024-2030) et de la production d’armes. En parallèle, la mise au pas de la jeunesse est inscrite dans le programme de la bourgeoisie avec le SNU.
La phrase d’Anatole France « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels », prend ici tout son sens : organiser la jeunesse et la classe ouvrière autour de la guerre et de son industrie mortifère comme seules perspectives et de travail pour les seuls profits capitalistes.
Que ce soit le géant de l’acier Marcegaglia, repreneur du site Ascometal de Fos-sur-Mer ou Greybull à Hagondange, tous partagent l’exploitation et l’oppression de la classe ouvrière ! Face aux magouilles financières et belliqueuses, les seuls à se soucier de leurs emplois, ce sont les travailleurs : par conséquent, c’est à eux de diriger les entreprises et de décider ce qu’ils y produisent !
Correspondant