Des méfaits pour les travailleurs, des bienfaits pour les patrons
Le 9 janvier, lors de la passation de pouvoir à Matignon, Attal a dit vouloir donner la « priorité au travail ». Entendez par là, la priorité aux attaques contre les chômeurs, alors que la dernière réforme de l’assurance chômage, en vigueur depuis le 1er février 2023, a diminué de 25 % la durée d’indemnisation dans la plupart des cas. En 2021, le gouvernement Castex avait déjà baissé les indemnités de nombreux demandeurs d’emploi. Et voilà que le nouveau Premier ministre s’acheminerait vers une nouvelle « réforme du marché de l’emploi », plaidée par Dussopt, l’homme du projet de report à 64 ans de la retraite décidé en 2023 à coup de 49.3. Voilà qui annonce un train de nouvelles attaques contre les travailleurs en général, après toutes celles déjà au bilan de Macron, notamment celle de ce barème qui revoit à la baisse les sommes que les salariés touchent en cas de licenciement abusif, et tout un ensemble de mesures qui ont en partie démantelé le Code du travail.
Une succession d’offensives racistes
Les gouvernements Macron n’ont cessé d’utiliser la bonne vieille recette du poison raciste : diviser pour mieux régner. De la loi Collomb de 2018 qui a marqué un recul des droits des demandeurs d’asile, jusqu’au nouvel arsenal anti-immigrés que représente la loi Darmanin-Le Pen, tous ont mis un point d’honneur à maltraiter les exilés. En tant que ministre de l’Éducation, Attal a lui aussi surfé sur les préjugés racistes, en interdisant l’abaya dans les établissements scolaires à la rentrée 2023, prétendant concentrer l’attention du personnel de l’Éducation sur la longueur des jupes plutôt que sur les manques criants de moyens qui font régulièrement dégringoler le système éducatif français dans tous les classements internationaux.
Des services publics aux abois
Selon Bruno Le Maire, il faudrait faire douze milliards d’« économies » ! Avec ce genre d’annonces, ce sont toujours les services publics qui trinquent. À l’école, les macronistes ont renforcé la sélection sociale avec Parcoursup, poursuivi la fermeture d’établissements et la réduction du nombre de postes. Même chose pour la santé où l’on continue à fermer des lits, des services et des établissements, malgré la pénurie de moyens révélée par la pandémie de Covid-19, que les gouvernements Philippe puis Castex ont géré avec amateurisme. En revanche, c’est de façon très sérieuse qu’ils ont arrosé les entreprises : fin mars 2021, 206 milliards avaient été mobilisés pour les « soutenir », soit plus de la moitié du budget de l’État.
La « sécurité » et « l’ordre »
Pour faire avaler aux travailleurs les sales coups qu’il leur prépare, Attal a annoncé que sa politique sera menée sous le signe de « l’autorité ». Face aux prochaines contestations, il continuera inévitablement de couvrir les crimes policiers, dans la lignée de la répression des Gilets jaunes en 2019 et de la révolte des jeunes des quartiers populaires après le meurtre de Nahel à Nanterre l’été dernier. Alors nous aussi, soyons dans la continuité des contestations qui ont émaillé sept ans de macronisme, des Gilets jaunes aux mobilisations massives contre les réformes des retraites. La seule réponse à leur arrogance : balayer le tandem Macron-Attal, et leur monde avec !
16 janvier 2024, Martin Eraud
(Article paru dans Révolutionnaires, numéro 9, janvier 2024)