Le salon du Bourget, grande foire mondiale de l’aéronautique civile et militaire, avait lieu du 16 au 22 juin dernier. Le gouvernement français a empêché certaines entreprises israéliennes d’y exposer. Bayrou a justifié ce choix par la situation « extrêmement lourde » à Gaza… Mais ce même Bayrou soutient les frappes israéliennes contre l’Iran et les entreprises françaises continuent de vendre des armes à Israël !
L’occultation de quelques stands par des grands panneaux de tissu noir n’a pas empêché le Bourget de ressembler cette année à un grand marché de l’armement. Airbus, qui a engrangé 143 commandes, n’est certes pas à plaindre, mais les quelque 926 exposants militaires ont aussi raflé leur part de contrats dans un contexte de militarisation croissante.
À ce jeu-là, les entreprises françaises ne sont pas les dernières, surtout qu’elles peuvent compter sur le gouvernement pour faire leur pub. Les ministres se sont en effet relayés au Bourget, sur les stands de Dassault, à bord des Rafale d’exposition, auprès du fabricant français de missiles MDBA… Dassault a par exemple pu présenter son « Vortex », un avion spatial multitâches qui était déjà prévu dans la méga-loi militaire 2024-2030 à 413 milliards d’euros et qui a reçu, en plus, le soutien de l’agence spatiale européenne.
Car l’enjeu pour les marchands d’armes français est de ne pas se retrouver sur le bord de la route tandis que tous les budgets militaires grimpent et que la concurrence internationale, notamment américaine, part avec de l’avance. Ils peuvent compter sur le soutien indéfectible de l’État français et sur celui, plus incertain mais autrement plus intéressant, des fonds européens. Le programme Safe a d’ailleurs été dévoilé un peu avant le Bourget : 150 milliards d’euros mis à disposition des États de l’Union pour acheter des équipements, à condition que 65 % de leur valeur soit originaire d’un État membre. C’est la première tranche du programme européen de réarmement à 800 milliards d’euros qui a été présenté au mois de mars. L’objectif est de flécher partiellement les dépenses militaires vers les « fleurons » industriels du continent, pour ne pas enrichir que ceux des États-Unis. Si les guerres sont des catastrophes pour les populations civiles, elles font toujours au moins un gagnant : le pourvoyeur de missiles et d’avions de chasse.
24 juin 2025, Bastien Thomas