Avec 4,8 millions de voix et 14 sièges supplémentaires à la Chambre des représentants, le Labor Party australien renforce sa majorité face à la coalition dirigée par la droite libérale.
Ce n’est pas tant une victoire du gouvernement Anthony Albenese qu’une défaite historique de la droite, qui paye le soutien à Trump de son dirigeant Peter Dutton, alors que deux tiers de la population australienne estiment que « l’élection de Trump est une mauvaise chose pour l’Australie ». Dutton, un ancien flic multimillionnaire connu pour son racisme contre les Aborigènes, les réfugiés sud-soudanais et musulmans, reconnaissait en Trump un « grand intellectuel », au point de recruter son ancienne directrice de campagne ! Mais son mentor n’aime pas les losers : une fois Dutton vaincu, Trump a fait mine de n’avoir « aucune idée » du personnage avant d’apporter son soutien au vainqueur.
Trump travaillera sans problème avec Albanese, tant sur la question des sous-marins nucléaires que dans le développement des bases américaines en Australie. Le Parti travailliste (Labor Party) constitue pour l’instant le parti préféré de la bourgeoisie. En trois ans, les salaires réels ont diminué de 9 000 dollars, le chômage a augmenté de 22 % et les propriétaires fonciers ont augmenté les loyers de 9,5, puis 8,1 et 4,8 % en 2022, 2023 et 2024. Alors que le taux de grève est au plus bas depuis des décennies, le Labor écrase les équipes syndicales qui relèvent la tête en plaçant ses pions à la tête des syndicats combatifs, comme chez les employés de la construction, à la barbe des droits des syndiqués.
La vague anti-Trump a renforcé les partis « centristes » et perçus comme peu radicaux, mais l’érosion des bases électorales des deux gros partis se renforce : un tiers de la population n’a pas voté pour l’un ou l’autre en tête de liste de son vote préférentiel1. Il faut dire que ceux-ci n’avaient rien à proposer : les libéraux promettaient une réduction de 25 centimes par litre d’essence, les travaillistes 5 dollars de baisse de taxe par semaine !
Quant aux révolutionnaires, ils se présentaient sur deux listes : Socialist Alliance et Victorian Socialists (animé par les camarades de Socialist Alternative). Ces derniers ont seulement mené campagne dans l’État de Victoria, où ils ont réuni près de 70 000 voix (2 %, entre deux et trois fois plus qu’aux élections fédérales de 2022), avec des percées à 10 % dans certains quartiers ouvriers – après une campagne réalisée par près de 2000 volontaires. Leur prochaine étape : l’extension de ce front électoral, afin de donner aux travailleurs la possibilité de s’exprimer en toute indépendance du Parti travailliste ou des Verts « progressistes ».
Stefan Ino