Nos vies valent plus que leurs profits
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Automobile : constructeurs et sous-traitants, une nouvelle hécatombe d’emplois annoncée

La semaine dernière, Volkswagen, numéro deux mondial des constructeurs automobile, a annoncé vouloir fermer des usines en Allemagne, avec des milliers de licenciements secs à la clé. Les sites de Wolfsburg, Brême, Kassel ou Zwickau seraient les plus menacés. Le syndicat allemand IG Metall, habitué à sa prétendue « cogestion » et qui avait cru au maintien des emplois jusqu’en 2029, est devant l’alternative : se battre ou accompagner. Le gouvernement allemand parle de soutien à l’« électromobilité ». Mais, en 2018, suite aux décisions de l’UE sur la baisse des émissions de CO2, l’ancien président de Volkswagen, Herbert Diess, n’hésitait déjà pas à menacer « un total d’environ 100 000 emplois » rien que dans le groupe ; Carlos Tavares, PDG de Stellantis, faisait, lui, peser la menace sur les emplois, directs ou indirects, de la totalité des salariés de l’automobile du continent : « 13,3 millions d’Européens ». Depuis, les dizaines de milliards d’aides à la « reconversion » des États de toute l’Europe ont arrosé les maîtres-chanteurs et ne serviront qu’à financer restructurations, destructions d’emploi et fermetures de sites.

Depuis juillet, l’usine Audi de Bruxelles, du même groupe VW, est dans le viseur d’un plan de licenciement massif, voire de fermeture. Ouvriers et sous-traitants ont dressé un campement devant les entrées de l’usine, ils gardent en otage un stock de 200 clés de voitures et exigent des garanties sur leur avenir.

De Volkswagen à Stellantis, de l’Allemagne à la France…

En France aussi, à Stellantis Poissy, les inquiétudes sont grandes sur le maintien de la production au-delà de 2027. Les suppressions de postes se multiplient depuis octobre 2023, aujourd’hui il n’y a plus d’intérimaires sur le site (400 ont été renvoyés), la direction fait tout pour pousser les salariés au départ : surcharge de travail, mutations forcées d’un secteur à l’autre, d’un poste à l’autre, ouvriers âgés mutés de force sur chaîne pour faire des opérations intenables, ouvriers qualifiés envoyés eux aussi sur chaîne… Mercredi dernier, 70 ouvriers du montage ont débrayé pendant trois heures pour dénoncer mutations et conditions de travail : pas question pour eux d’aider la direction à vider le site pour mieux le fermer !

… des constructeurs aux sous-traitants

Fin juillet, ZF, sous-traitant de Volkswagen, annonçait la suppression d’un quart des effectifs en Allemagne (14 000 emplois). Depuis des semaines, la liste des sous-traitants menacés s’allonge, notamment en France : Valeo, Bosch, Imperiales Wheeles, Walor, Forvia, Continental, Plastic Omnium, Dumarey (ex-Punch Strasbourg) et bien d’autres… Et ce n’est que le début : chez Michelin, ce sont trois gros sites – à Cholet (Maine-et-Loire), Vannes (Morbihan) et Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire) – qui attendent d’être fixés sur leur sort.

Correspondants, 10 septembre 2024

(Article paru dans le numéro 18 de Révolutionnaires)