Environ 30 000 enfants ont été vendus par l’Église catholique à l’insu de leur mère entre 1945 et les années 1980. C’est ce qu’a révélé le podcast de langue flamande Het Laatste Nieuws (Les dernières nouvelles) intitulé « Les enfants de l’Église », dans lequel des mères et des enfants adoptés ont témoigné pour la première fois. La pratique concernait la plupart du temps des jeunes femmes non mariées, parfois victimes de viol ou d’inceste, dont les parents voulaient cacher la grossesse. Ils se mettaient en relation avec des religieuses en contact avec des familles en attente d’adoption. Tout en s’excusant, l’épiscopat a tenu cependant à préciser : « Parler d’enfants achetés, nous n’acceptons pas l’expression… Les familles en attente d’adoption remerciaient les religieuses quand elles recevaient l’enfant […], elles contribuaient financièrement au fonctionnement des communautés religieuses. » De là à parler de trafic il n’y a qu’un pas que la Conférence épiscopale ne veut hypocritement pas franchir. Rappelons que dans d’autres pays, comme l’Espagne, l’Irlande ou le Canada, religieux et religieuses catholiques se sont livrés à ces pratiques infâmes pendant des décennies. Ce scandale avait déjà surgi en 2014-2015, lors d’une série d’auditions devant le parlement régional flamand. Il avait été alors question de milliers d’adoptions forcées pendant les décennies de l’après-guerre et de stérilisation forcée après l’accouchement. Mais la demande de commission d’enquête réclamée par les victimes était alors restée lettre morte. Peut-être en ira-t-il différemment cette fois-ci ?