C’est le cri de colère d’une salariée interviewée par Le Parisien le 11 octobre. La veille, les salariés du BHV Marais étaient appelés à débrayer par les syndicats du magasin, près de 200 se sont rassemblés car ils craignent pour leur avenir.
Cela fait des années que les conditions de travail se dégradent. La situation s’est aggravée après la reprise du magasin fin 2023 par le groupe SGM dirigé par un homme d’affaires lyonnais, Frédéric Merlin. De 1 200 salariés il y a deux ans, ils ne sont plus que 750, des magasins de marques franchisées ont fermé. Merlin a aussi sabré dans les effectifs du ménage et de la sécurité et actuellement il cherche à imposer des horaires d’ouverture et un régime de repos pires qu’avant. Des rayons se sont petit à petit vidés car SGM ne paye pas nombre de fournisseurs. Objectivés sur les ventes, bien des salariés ont moins de revenus, ils attendent également des primes impayées. Le sentiment largement partagé est que la direction cherche à les pousser dehors.
À côté de ça, toute une polémique a enflé autour de l’installation au sixième étage d’un magasin Shein, un groupe chinois d’habillement en ligne. Des marques et patrons français ont crié à la concurrence déloyale du low-cost et décidé de quitter le BHV. Des élus de la mairie de Paris ainsi que la Banque des territoires (censée s’associer avec la SGM pour racheter les murs du BHV) ont poursuivi ces cocoricos et fait pression sur Frédéric Merlin pour qu’il ne s’associe pas à la plateforme de vente en ligne : cela détériorerait l’image du BHV et des marques françaises qui prétendument défendent d’autres « valeurs », notamment celle du bien-être des salariés.
Les salariés du BHV ont tout intérêt à se regrouper pour défendre leur avenir sans attendre ces patrons, ces élus – fussent-ils de gauche – et banquiers qui se préoccupent bien tardivement de leur condition et défendent en réalité d’autres intérêts que ceux des travailleurs. Shein exploite sans vergogne des travailleurs en Asie, mais tout comme des grands groupes européens et notamment français, qui sous-traitent depuis des années leur production pour profiter des salaires de misère en Chine, au Bangladesh ou ailleurs.
14 octobre 2025, Anne Hansen