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Bordeaux — Agression d’un conducteur, le tout-sécuritaire au service de l’arbitraire patronal

Le 7 mai, un conducteur de bus s’est fait molester à Bordeaux. Un incident comme bien d’autres dans le climat de fatigue et de pression qu’il y a parfois dans les transports en commun. Mais voilà que la direction, garante théorique de la sécurité au travail convoque le salarié encore blessé pour lui demander des comptes.

Les directions se targuent pourtant d’équiper les véhicules de tout un arsenal de sécurité : vitre « anti-agressions », caméras, dispositifs d’appel de personnel « d’intervention ». Tout cela n’est pas neutre politiquement : un choix tout à fait conscient de la direction de flatter les préjugés sociaux sur la « délinquance » ou les « incivilités ».

D’ailleurs les discours nauséabonds s’étalent à la suite d’une agression, qui choque toujours, et à juste titre. La passion des dirigeants et des médias d’extrême droite pour les faits divers trouve alors un écho au niveau d’une entreprise ou d’un service. Et de « l’ensauvagement » aux préjugés sociaux et racistes, tout y passe.

Les syndicats qui refusent d’affronter cette démagogie d’extrême droite s’alignent sur des revendications discutables, notamment l’installation de dispositifs vidéo. Mais les caméras n’ont jamais fait reculer la violence, au mieux, et rarement, elles permettent d’identifier les auteurs. Bien souvent, elles servent à démontrer la faute du salarié qui a quitté son poste. Ou d’autres plus bénignes : cigarettes, usage du téléphone, etc.

Alors aux caméras et autres martingales sécuritaires, il faut opposer l’emploi massif d’agents présents à bord, armés d’une solide formation de médiation, plus que de « sécurité » : une fonction dissuasive bien plus efficace. Le confort et la sérénité des conducteurs et des passagers seraient alors envisagés sérieusement.

Philippe Caveglia