Nos vies valent plus que leurs profits
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Bronstein dans le Bronx, de Robert Littell


Flammarion, 2024, 21 €

 

 

Robert Littell, formidable romancier d’investigation historique, met cette fois en scène Bronstein alias Trotski : un révolutionnaire qui manifestement le fascine pour des raisons… personnelles ! Mais oui. Les deux pages d’avant-propos vous révèleront le pourquoi de cette « étrange obsession » de Littell, qui mériterait un autre roman. Mais laissons le suspens…

Pour en revenir à Bronstein dans le Bronx, il s’agit de l’arrivée de Trotski à New-York le 13 janvier 1917 et des dix semaines et deux jours qu’il vécut dans le Bronx, dont trois jours et trois nuits dans une prison crasseuse, et une nouvelle incarcération d’un mois au Canada auprès de prisonniers allemands. Avant, enfin, de s’acheminer fin avril vers le « désordre révolutionnaire de Petrograd ». Termes de l’auteur, plus exactement d’un alter ego de Bronstein, lequel mène une joute verbale sur ces 200 pages pleines de verve avec sa « conscience ».

C’est clair : Robert Littell n’est pas trotskiste, mais éprouve une réelle admiration pour les positions et propos de son héros. Pas de pitié pour ces « socialistes américains […] ces capitalistes hybrides ». Vous êtes un Juif révolutionnaire, monsieur Trotski ? « Non, un révolutionnaire qui se trouve être juif… Je suis un athée pratiquant… » ; « Même les prisons du tsar disposaient de l’eau courante… » ; « Le sionisme ? L’existence d’un État juif dans un monde capitaliste barbare ne permettra nullement de lutter contre l’antisémitisme à l’échelle internationale. » Puis Littell finit par lui faire dire « La fin justifie tous les moyens, quels qu’ils soient ». Ce que réfute pourtant Trotski dans son ouvrage Leur morale et la nôtre (1938), où précisément, « tous les moyens ne sont pas permis… s’ils ne sont pas en conformité avec la fin poursuivie ». À la décharge de Littell, sa description de l’enthousiasme de Trotski qui se prépare à la révolution à mener en Russie a de quoi inspirer. C’est le moins qu’on puisse dire.

Robin Klimt et Huguette Chevireau