Le gouvernement Barnier n’a pas de majorité et l’examen de la partie « recettes » du budget l’a exposé à des additions de voix à géométrie variable : le Rassemblement national a mêlé ses voix à celles du Nouveau Front populaire pour plafonner la niche fiscale des armateurs, et le NFP a obtenu le rétablissement progressif de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE).
Mais, entièrement examiné ou pas, voté ou pas par l’Assemblée nationale, le projet de loi de finances sera transmis au Sénat fin novembre. La droite et le centre y sont majoritaires : le gouvernement pourra compter sur un accord des sénateurs, voire un compromis en commission mixte paritaire des deux assemblées, ce qui lui permettrait de se rapprocher de la version initiale de son budget. Pour la suite, le Premier ministre prépare les esprits au 49.3, procédure qui lui permet même de revenir purement et simplement à son projet initial. Une manière de dire : causez toujours, au final, on passera en force.
Pendant ce temps-là, le RN joue une partition écrite bien à l’avance : Chenu, son vice-président, menaçait le 27 octobre dernier le gouvernement d’une motion de censure si le budget « restait en l’état ». Entre deux tirades racistes, il agrémente la menace d’un peu de démagogie « sociale », en protestant mollement sur la hausse de la taxe sur l’électricité et sur l’indexation des retraites, ce qui cache mal l’alignement du RN sur le programme économique pro-patronal de Macron.
La bataille d’amendements menée par la gauche à l’Assemblée est une occasion pour elle de mettre en valeur son rôle d’opposition parlementaire, juste son job politicien, quoi ! Ce n’est évidemment pas cela qui va stopper l’offensive sauvage du gouvernement et des patrons : coupes dans les services publics, atteintes aux retraites, licenciements, salaires qui stagnent ! Ce qu’il faudra, c’est une mobilisation puissante sur les lieux de travail et dans la rue, ce dont la gauche ne parle pas et ne fait rien pour qu’elle émerge.
29 octobre 2024, Edna McBain