Nos vies valent plus que leurs profits

Caen : la solidarité est notre arme

Trois manifestations pour le prix d’une : à n’en pas douter, c’était la meilleure promo du marché de Noël de Caen, ce samedi 20 décembre.

Comme tous les samedis depuis plus de deux ans, le Collectif 14 de solidarité avec la Palestine appelait à battre le pavé pour dénoncer la poursuite des bombardements, meurtres, expulsions et autres violences commises par l’État d’Israël contre les Palestiniens, tant à Gaza qu’en Cisjordanie.

Un autre collectif, celui des Familles en détresse et révoltées (Feder), appelait lui aussi à manifester ce 20 décembre. Soutenues par plusieurs organisations, quelques familles sans-papiers ont décidé courageusement de briser le silence et d’alerter sur leur situation.

Enfin, ce même jour, Jordan Bardella dédicaçait son livre dans un hôtel du groupe Accor, coté au CAC 40, faute certainement d’avoir trouvé une librairie pour l’accueillir. S’il a attiré plusieurs centaines de personnes, certaines accoutrées comme si elles allaient réveillonner dans un restaurant étoilé au Michelin, plusieurs autres centaines de personnes, dont une nette majorité de jeunes, sont venues exprimer leur opposition irréductible aux idées anti-sociales portées par l’extrême droite.

La police s’est fait un devoir d’intervenir en faveur des bibliophiles du dimanche. Ce faisant, elle a littéralement noyé de gaz lacrymogènes la vaste place sur laquelle donne l’hôtel, et contribué… à faire converger les adversaires de l’extrême droite avec le petit mais déterminé cortège de soutien à la Palestine. Leur trajet les a emmenés directement au principal carrefour piétonnier du centre-ville, où les sans-papiers et leurs soutiens interpellaient les passants en chansons. C’est naturellement que les uns et les autres ont suivi les sans-papiers successivement à l’agence principale de Twisto (la compagnie qui gère le réseau de bus et tramways caennais), au conseil départemental et à la préfecture du Calvados, là où ils ont des revendications à faire valoir. À chaque fois, les sans-papiers ont pris la parole elles et eux-mêmes, dans un français hésitant davantage sous le poids de l’émotion que les difficultés de la langue. Et pour cause : le collectif Feder s’attendait à mobiliser au mieux 50 ou 100 personnes, mais ce sont plusieurs centaines qui ont applaudi ses interventions et repris le refrain d’une chanson composée par deux musiciens habitués des luttes sociales locales :

« Que serait l’équipe de France
Sans l’immigration ?
Quelle couleur auraient nos enfants
Sans l’immigration ?
Qui seraient nos amis
Sans l’immigration ?
Qui serions-nous tout simplement
Sans l’immigration ? »

Correspondant