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Calvados : un toit pour toutes et tous !

Cette semaine, la police a évacué à Caen et Lisieux deux immeubles occupés par des personnes sans domicile. Résultat : à Caen, une quarantaine de personnes, dont quinze enfants, et une vingtaine à Lisieux se retrouvent à la rue. Certaines sont en instance de régularisation mais ne trouvent pas de logements sociaux, d’autres sont des travailleurs sans papiers. À Caen, la mobilisation se poursuit pour obtenir leur relogement. Le 115, c’est-à-dire le service d’hébergement d’urgence ainsi nommé parce qu’on le joint en téléphonant à ce numéro, est évidemment saturé. La loi autorise les pouvoirs publics à réquisitionner temporairement les logements vides contre indemnisation. Et il en existe des centaines dans l’agglomération. Mieux, la loi française oblige l’État à héberger tous ceux et celles qui en ont besoin, quelle que soit leur situation administrative : « Toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique ou sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence. » Mais on le sait, entre le droit et la réalité, il y a souvent un gouffre et l’État préfère appliquer les lois anti-pauvres. Même à la veille de la trêve hivernale…

C’est ainsi que mardi 29 octobre, au soir de l’expulsion, alors que certains avaient trouvé une solution de repli pour la nuit, vingt-cinq personnes n’avaient toujours pas d’hébergement à Caen, dont une dizaine d’enfants. L’AG de lutte contre toutes les expulsions1 avait invité à un rassemblement d’urgence. Il est décidé d’occuper un lieu visible pour exiger que la préfecture trouve une solution. À 22 h 30, cette dernière s’obstine à ne rien faire, même pas une chambre d’hôtel, laissant les familles dans un hall de centre commercial ceinturé par la police. Pour leur confort, l’AG décide le repli vers un lieu associatif. Le procédé se répète le mercredi avec un soutien un peu plus important – mais une présence policière qui ne l’était pas moins et déterminée à saper l’occupation – , ainsi que le jeudi où l’action choisie consiste en un petit cortège d’une cinquantaine de personnes en direction de l’hôtel de ville, avec diffusion de tracts auprès des passants.

En cette soirée d’Halloween, la monstruosité n’est pas cachée sous les lits, elle se loge dans les politiques barbares qui préfèrent laisser des locaux vides au nom de la sacro-sainte propriété plutôt que d’offrir un toit à des sans-abris. On ne parle pas de petits propriétaires, mais d’immeubles gérés par des bailleurs sociaux ou l’État. De fait, au téléphone, la préfecture répond explicitement qu’elle compte sur les associations pour prendre en charge les expulsés au prétexte qu’il y a parmi eux des personnes sans papiers sous OQTF. Face à cette fin de non-recevoir, une AG est prévue vendredi 1er novembre dans la foulée afin de discuter d’une mobilisation de plus grande ampleur et des différents réseaux à solliciter pour que personne – et surtout pas des enfants – n’ait à dormir dans la rue. Se loger est un droit fondamental : à nous de le faire respecter.

Correspondante, le 31/10/2024

1  Collectif caennais qui ouvre des squats et lutte contre les expulsions des personnes exilées qu’il implique dans les prises de décision.