
Les chaines de production de Perrier, à Vergèze en Occitanie, ont encore été mises à l’arrêt après une nouvelle contamination. C’est un épisode de plus dans le scandale des eaux minérales démarré en janvier 2024.
Pour le profit, Nestlé escroque et empoisonne
Signe du désastre écologique en cours, la source Perrier, ainsi que beaucoup d’autres sources d’eaux minérales, est polluée. On y trouve des polluants éternels (les PFAS), des résidus de pesticides et d’engrais, des matières fécales.
C’est la loi du profit qui a poussé une fois de plus Nestlé dans les bras de la fraude. Pour vendre son eau, il a dû la filtrer et la traiter. Il en tirait une qualité au mieux équivalente à celle du robinet, mais au prix de la bouteille. Une escroquerie à trois milliards d’euros, mieux vaut ça que l’empoisonnement ? Sauf qu’il est permis de douter de la fiabilité des traitements réalisés, qui n’éliminent pas les virus, entre autres. Quand on connait le pedigree de Nestlé en matière de sécurité sanitaire, on frissonne : laits maternels aux hydrocarbures, pizzas Buitoni contaminées à E. coli qui avaient tué deux enfants…
Pour le profit, l’État se porte garant et complice
Nestlé n’aurait pu tromper personne sans le soutien actif de l’État. Dès l’été 2021, le gouvernement est mis au courant et entreprend de couvrir le groupe en autorisant des microfiltrations pourtant interdites, avec l’aval de l’Élysée et de son secrétaire général, Alexis Kohler (celui-là même qui vient de démissionner après sa mise en cause justement pour ses liens avec la multinationale). Qu’importent les risques sanitaires, le profit vaut le poison. Qu’importe aussi de flouer les autres pays européens où Nestlé vend ses eaux minérales. C’est la règle dans cette Union européenne où le marché commun sert à étendre le domaine de la triche.
L’autorité régionale de santé d’Occitanie est également mouillée. Son directeur a vu de ses propres yeux les dispositifs de traitement interdits, mais a préféré garder ça pour lui.
Chantage à l’emploi
En 2023, alors que le groupe avait décidé de supprimer 171 postes dans son usine de Vittel, il faisait savoir qu’il pourrait doubler son plan de licenciement si l’État n’acceptait pas ses traitements illégaux de l’eau de source.
L’usine Buitoni avait aussi été fermée en 2023, après le scandale. Nestlé a l’habitude de faire payer aux travailleurs les conséquences de ses actes. Ces jours-ci, le préfet du Gard doit renouveler l’autorisation de Nestlé à vendre Perrier comme de l’eau minérale. Le groupe est déjà prêt en cas de réponse négative : il a filialisé sa branche eaux en bouteille pour mieux la céder à un maitre-licencieur.
Les ouvriers de Nestlé à Vittel, Caudry ou Itancourt ont montré la voie de la lutte ces dernières années, en s’opposant aux suppressions d’emploi. Ce n’est pas aux travailleurs de faire les frais des fraudes à répétition des géants de l’agro-alimentaire.
27 avril 2025, Bastien Thomas