
La publication, vendredi 12 décembre, d’un rapport de la Cour des comptes comptabilisant le nombre d’heures de cours perdues par les élèves de collège sur une année a fait grand bruit. Il faut dire que les chiffres sont énormes : 9 % du temps d’enseignement dans les collèges publics n’est pas assuré, en raison du non-remplacement des enseignants. Dans les collèges relevant de l’éducation prioritaire, c’est-à-dire dans les établissements les plus populaires, ce taux monte même à 11 %. Au total, ce sont dix millions d’heures de cours perdues chaque année au collège, avec comme conséquence une rupture des apprentissages, se répercutant particulièrement sur les élèves les plus en difficulté.
Comment s’étonner de ce chiffre hallucinant ? Selon ce même rapport de la Cour de comptes, 13 % de postes n’étaient pas pourvus dans le second degré public à la rentrée 2024. C’est la conséquence des milliers de suppressions de postes dans l’enseignement ces dernières années (8000 depuis 2017 rien que dans le second degré), ainsi que de la difficulté à recruter.
Or, ce que pointe aussi ce rapport, c’est la dégradation considérable de la santé des enseignants ces dernières années. Entre 2018 et 2024, les besoins de remplacement d’enseignants du second degré ont augmenté de 15 %, principalement en raison de la hausse des absences pour raison de santé : + 41 % de congés maladie ordinaire ! Le rapport met aussi en avant la hausse considérable des mi-temps thérapeutiques chez les enseignants : une hausse de 250 % sur six ans.
La Cour des comptes, fidèle servante de l’État bourgeois, propose une série de mesures allant dans le sens de l’aggravation des mesures préconisées ces dernières années, notamment en alourdissant la charge de travail des enseignants, puisqu’elle recommande de placer leur temps de formation hors de leur temps de travail.
À l’opposé de telles solutions, il faudra une mobilisation d’ampleur, massive, du personnel comme des parents, pour stopper les budgets d’austérité, réhabiliter les conditions de travail des agents et permettre que les profs puissent travailler dans des conditions décentes.
Aurélien Pérenna