Alors que l’accord venait d’être signé sous la houlette des États-Unis, l’armée israélienne a continué à pilonner des quartiers de Beyrouth dans la nuit du mardi 26 novembre au mercredi 27, jusqu’à 3 heures du matin, heure officielle du cessez-le-feu. Manière de terroriser encore la population libanaise. Ces deux mois de guerre menée par Israël ont fait près de 4 000 morts, 15 000 blessés et plus d’un million de déplacés, de nombreux villages du sud et des quartiers populaires de Beyrouth détruits.
Aux termes de ce cessez-le-feu, l’armée israélienne devrait se retirer du Liban dans les 60 jours, pendant que l’armée officielle libanaise prendrait place dans le sud du pays, sur la ligne de démarcation, alors que les troupes du Hezbollah quitteraient la région et abandonneraient une partie de leur armement.
Une force internationale d’interposition, extension de la Finul, serait chargée de faire respecter l’accord. Elle pourrait bien être aussi inopérante que l’actuelle Finul puisque, selon la presse, pour la signature de l’accord, Netanyahou exigeait des États-Unis la garantie du droit d’Israël de ré-intervenir militairement au Liban chaque fois qu’il se jugerait menacé.
La France, l’ancienne puissance coloniale, fournirait des troupes supplémentaires à cette nouvelle Finul. Macron y voit déjà sa chance d’y défendre les intérêts des hommes d’affaires français dans ce pays ruiné par deux mois de bombardements. Mais, au Liban, surnage toujours une riche bourgeoisie, dont l’actuel Premier ministre, Najib Mikadi, chargé côté libanais de renforcer l’armée et d’écarter le Hezbollah. Il s’agit d’un des hommes les plus riches du monde, classé 374 e au palmarès Forbes des grandes fortunes.
Si la guerre s’arrête aujourd’hui au Liban (mais pour combien de temps ?), la misère y est encore plus grande qu’avant. Et la guerre se poursuit à Gaza, même si le Hamas vient de se dire favorable aussi à un cessez-le-feu. L’armée israélienne y poursuit ses massacres, notamment, en ce moment même, dans les enclaves du nord de la bande, dont la population n’a pas entièrement fui vers le sud et connait la famine.
Les grandes puissances, qui portent une grande part de responsabilité dans les massacres commis par Israël en Palestine, n’ont même pas la volonté de soulager un minimum la misère qu’elles ont contribué à créer. Macron, qui se flatte aujourd’hui d’être faiseur de paix, s’était engagé à accueillir en France jusqu’à cinquante enfants grièvement blessés ; sur une population de deux millions d’habitants sous les bombes, c’était déjà honteusement dérisoire. Il en a finalement accueilli, rappelle le journal Mediapart, à peine dix-sept en quatorze mois.
27 novembre 2024, Olivier Belin