Les raids nocturnes, arrestations, incendies de champs, destructions de propriétés pour en chasser les habitants et implanter de nouvelles colonies étaient déjà une réalité quotidienne en Cisjordanie. Mais, depuis le 7 octobre, ils se sont multipliés. Et, fin décembre, c’est l’aviation qui y a bombardé un camp de réfugiés, faisant six morts et de nombreux blessés.
350 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza : Israël en profite pour y accélérer le processus de colonisation, sous l’impulsion des colons d’extrême droite épaulés par l’armée. L’extension de la guerre menée par Israël, c’est aussi cela : réduire à peau de chagrin les territoires palestiniens en Cisjordanie par la multiplication des colonies. Les territoires officiellement concédés aux Palestiniens par les accords d’Oslo sont déjà devenus un archipel, un territoire criblé de colonies, haché par des murs et des routes interdites aux Palestiniens. Un territoire morcelé, de la taille de la Corrèze, où trois millions de Palestiniens vivent dans la pauvreté, côte-à-côte avec un État israélien dont le PIB par habitant (une moyenne, car il y a aussi des pauvres et des exploités) est supérieur à celui de la France.
Depuis le 7 octobre, le gouvernement israélien a interdit l’accès à son territoire aux 200 000 travailleurs palestiniens qui faisaient quotidiennement la navette de Gaza et de Cisjordanie, en particulier dans les secteurs du bâtiment et de l’agriculture… dont les patrons se plaignent d’être aujourd’hui en grave difficulté. Les Palestiniens savent utiliser cette force sociale, comme ils l’ont fait lors des grèves durant la première Intifada des années 1980, ou lors des manifestations de masse et grèves en série lors de la Marche du retour de 2018-2019.
Les colons s’efforcent d’encercler et d’étouffer de l’intérieur la Cisjordanie. Les travailleurs palestiniens et leurs camarades de toute la région, de toutes nationalités et origines y compris israéliens et juifs, eux aussi encerclent et peuvent faire exploser de l’intérieur la colonie géante qu’est Israël.
Xavier Chiarelli