Lors de son allocution du 5 décembre au soir, Macron s’est présenté comme le seul rempart face au chaos, le seul à montrer son sens des responsabilités et à faire passer avant tout la continuité de l’État. À croire que son discours ne s’adressait pas à la population, mais directement à la bourgeoisie, au monde des affaires. Ce n’est pas qu’une impression : cet énième gouvernement qu’il veut former, qu’il appelle « gouvernement d’intérêt général » sera un gouvernement au service des classes possédantes, dont la priorité est de faire passer son projet de budget. Un budget qui prévoit de continuer à faire les poches aux salariés et à l’ensemble des classes populaires, que ce soit en instaurant des jours de carence supplémentaires en cas de maladie, des jours de travail gratuit, ou en attaquant les services publics. Et sur ce terrain là, il peut très bien trouver un terrain d’entente avec le Rassemblement national, qui surfe sur la haine de Macron, mais veut également jouer les bons gestionnaires au service du monde des affaires.
Il a vanté son bilan, pour dire qu’il ne démissionnerait pas, mais la seule chose concrète qu’il a été capable de citer, c’est la réouverture de Notre-Dame de Paris ! Non seulement, il n’y est pour rien, mais voilà qui est bien dérisoire face aux difficultés de la vie quotidienne que l’écrasante majorité de la population rencontre ! Pas un mot sur les licenciements qui ne cessent d’être annoncés dans les entreprises, comme Michelin, Auchan et bien d’autres.
Macron se vante de vouloir l’unité partout où il y a de la division, mais la seule unité qu’il a été capable de produire, c’est celle de nos luttes, en mettant tout le monde dans la rue : depuis les Gilets jaunes, jusqu’à la réforme des retraites de 2023, en passant par celle de 2019 qu’il a finalement dû remballer.
On ne peut lui donner raison que sur un point : ne pas avoir de nouvelles élections pour avenir immédiat. Nous n’aurions rien à attendre d’un nouveau round électoral. C’est maintenant, par la rue et par nos luttes que nous devons imposer nos revendications, quel que soit le nouveau gouvernement qui sortira de ses petits calculs et tractations. Plein de morgue et de mépris social, il n’a pas eu un mot pour les manifestations qui ont rassemblé le jour même de son discours plus de 200 000 personnes dans différentes villes du pays, pour dénoncer les attaques du gouvernement censuré contre les salariés de la fonction publique. Plus d’un enseignant et enseignante sur trois en grève, de nombreuses écoles fermées. Et d’autres secteurs se sont aussi mobilisés : difficile de ne rien voir, à moins de faire l’autruche ! La semaine prochaine, une nouvelle journée de mobilisation est prévue le 12 décembre, contre tous les plans de licenciements menaçant actuellement de nombreux salariés du privé. Macron s’accroche à son mandat présidentiel comme une moule à son rocher : faisons lui trouver cette fin de mandat très longue, et même interminable, par une contestation permanente. Tous ensemble, salariés du public comme du privé, privés d’emplois, jeunes, nous avons les moyens de nous faire entendre pour mettre sur le devant de la scène les vrais problèmes, loin des diversions racistes dont Macron et sa clique sont aussi friands que le RN.
Revendiquons pour nos salaires, nos retraites et toutes les prestations sociales, de quoi vivre et non pas survivre, des embauches dans tous les secteurs pour ne pas être usés prématurément au travail, des moyens pour des services publics dignes de ce nom. Au lieu de nous faire les poches, au patronat de passer à la caisse : tous ensemble, censurons Macron, les patrons, et tous ceux qui sont à leur service, fausse gauche ou vraie extrême droite.
Communiqué du NPA-Révolutionnaires, 6 décembre 2024