Beaucoup de nos militants et sympathisants, mais aussi de responsables et membres de partis, syndicats ou associations qui nous sont proches, se sont indignés que le NPA et le NPA-Jeunes aient été victimes d’une fermeture brutale et sans explication de plus d’une centaine de leurs comptes Facebook, Instagram et Twitter (X) depuis le 9 novembre. Insupportable censure de ces géants du numérique qui d’un seul coup d’un seul, d’un ou deux clics, ont décidé de qui pourrait ou ne pourrait pas s’exprimer. Dans le contexte de massacres et véritable nettoyage ethnique menés par l’État sioniste d’Israël contre les Palestiniens de Gaza ; un contexte où des manifestations ont été interdites et où nous avons dû bafouer et contester juridiquement ces interdits ; un contexte où ceux qui s’opposent à la politique d’Israël et de ses alliés Biden et Macron se voient mensongèrement taxés d’antisémitisme et d’apologie du terrorisme (nos « amis du NPA » autour d’Olivier Besancenot et Philippe Poutou sont à ce titre inquiétés par Darmanin, ce contre quoi nous avons protesté publiquement) ; dans ce contexte politique nauséabond et liberticide, nous avons tout de suite pensé à un sale coup des Elon Musk ou autres Mark Zuckerberg. Et avons fait appel à signature d’une pétition « Stoppons la censure contre le NPA et le NPA-Jeunes », lancée mardi 14 novembre, qui a recueilli plus de 1500 signatures à cette heure.
Mais malheureusement, en ciblant le pouvoir ou les Gafam, nous nous sommes trompés. Inimaginable mais vrai : le coup n’est pas venu de ceux-là mais de nos anciens camarades, autour d’Olivier Besancenot et Philippe Poutou, qui en décembre 2022 ont quitté le congrès du NPA pour s’orienter vers un rapprochement politique avec la France insoumise. De notre côté, NPA et NPA-Jeunes, sans aucun sectarisme politique ni abandon de participation à des cadres unitaires, nous avons tenu à maintenir un cap révolutionnaire indépendant, communiste et internationaliste.
Il va sans dire que nous sommes atterrés par le fond et les moyens de cette censure de nos moyens d’expression numériques, comme une imprimerie qu’on brûlerait. Un geste à juste titre incompris d’une grande partie des militants et apparemment décidé et pleinement assumé en petit comité, en cachette de ses propres militants, par une direction qui depuis aurait admis que cette « attaque » aurait été « en effet très violente », avoué aussi qu’elle « n’en tirait aucune fierté ». Ni Olivier Besancenot ni Philippe Poutou n’ont communiqué personnellement sur le sujet. C’est bien sûr l’indignation, la stupéfaction et bien des interrogations car dans un communiqué du 20 novembre dernier, dans lequel ces camarades tentent désespérément de s’expliquer sur ce front commun qu’ils ont fait avec les Gafam contre des militants révolutionnaires, ils concluent sur leur « espoir de trouver un accord à l’amiable » avec nous…
Oui, le NPA a connu une séparation il y a bientôt un an, pour les raisons fondamentalement politiques évoquées plus haut, d’orientation par rapport à la gauche. Les camarades autour de Philippe Poutou ont choisi de quitter, en décembre dernier, le congrès où cette politique n’aurait pas eu de majorité, tandis que notre NPA et le NPA-Jeunes ont poursuivi et mené statutairement à leur terme les travaux de ce congrès, à un effectif de délégués représentant un peu moins de la moitié des adhérents mais la totalité de son secteur jeunes, au total quelque 800 militants. Le NPA a donc, par leur choix, été scindé. Il s’en est indéniablement suivi un conflit de légitimité et de partage des moyens militants qui n’est pas résolu à ce jour. Mais cette situation évidemment conflictuelle n’autorise pas l’ancienne direction à contester aux NPA et NPA-Jeunes, qui ont défendu au dernier congrès la nécessité de « continuer le NPA », la légitimité partagée d’un combat et d’une histoire – et le partage raisonnable des moyens matériels de militer. Et ne l’autorise surtout pas à le faire par des actes aussi fous au regard de notre morale révolutionnaire que la censure par le truchement des Gafam. En conséquence, nous demandons qu’en toute urgence soient restaurés nos comptes nationaux et locaux du NPA et NPA-Jeunes, par intervention de ceux qui en ont demandé la fermeture. Condition nécessaire, si ce n’est suffisante, à toute discussion « à l’amiable ».
Notre légitimité de NPA issu de son dernier congrès, nous l’avons montrée lors de la tenue et poursuite à son terme de ce congrès, mais aussi et surtout depuis presque l’année maintenant qui nous en sépare : par notre militantisme politique et syndical de terrain dans les entreprises, les quartiers, les lieux de scolarisation de la jeunesse, par nos manifestations et apparitions publiques dont nos meetings et cortèges dans les nombreuses mobilisations sociales et politiques que nous avons connues, par nos Rencontres d’été révolutionnaires auxquelles ont participé des militants révolutionnaires d’autres pays, par notre site internet et notre journal Révolutionnaires, par les invitations et prestations de nos porte-paroles dans les médias. Contester notre existence en tant que NPA – indéniable et reconnue par bien des médias régionaux et nationaux – relève d’un déni de réalité (d’où découle ce refus têtu de tout partage équitable des moyens de militer) dont les camarades autour de Philippe Poutou et Olivier Besancenot vont immanquablement devoir se défaire. Chercher, par tous les moyens, à contester notre identité politique et à nous priver de nos moyens d’expression relève de pratiques qui doivent être bannies du mouvement ouvrier révolutionnaire.
Le comité exécutif du NPA et BSJ du NPA-Jeunes, le 26 novembre 2023