La loi asile-immigration a été votée à l’Assemblée nationale, une loi Darmanin-Le Pen, promue par Emmanuel Macron et par le parti Les Républicains d’Éric Ciotti. Car n’en déplaise à Darmanin, ce n’est pas parce que la loi aurait pu être votée sans les voix du Rassemblement national qu’elle ne l’a pas été avec ! En effet et de l’aveu de tous, cette loi inscrira « la préférence nationale » dans le marbre des institutions.
Ce qu’il y a dans cette loi
Au menu, une bonne partie du programme que le RN défend depuis des années :
– Restriction des droits, des aides au logement et des prestations sociales pour les travailleurs immigrés ;
– remise en cause du droit du sol (les enfants d’immigrés nés sur le territoire devront désormais faire la demande de naturalisation) ;
– délit de séjour irrégulier rétabli (les sans-papiers seront donc considérés comme des délinquants) ;
– exclusion du droit à l’hébergement d’urgence pour toute personne visée par une OQTF (obligation de quitter le territoire) ;
– renforcement de la toute-puissance des préfets dans la régularisation par le travail, au cas par cas ;
– les étudiants étrangers devront payer une caution (faible aujourd’hui dit le gouvernement, elle pourra devenir prohibitive demain, comme le sont déjà les frais d’inscription dans bien des universités) ;
– quant à l’aide médicale d’État (AME), elle n’a été sortie de cette loi qu’à la condition expresse, exigée par les députés LR, que la Première ministre Élisabeth Borne en annonce elle-même la réforme au détriment des immigrés courant 2024 ! Ce que dénoncent déjà par des appels à la grève des centaines de soignants dans certains hôpitaux.
Rien à attendre ni de Macron ni du Conseil constitutionnel…
N’en déplaise à ces dirigeants de gauche qui ont appelé à voter pour Macron au deuxième tour des présidentielles, en faisant croire à leurs électeurs que ça « l’obligerait », le président Macron, loin d’être un obstacle à la montée de l’extrême droite, en est aujourd’hui le principal moyen. Raison pour laquelle le Rassemblement national a évidemment voté ce projet de loi. Rien à attendre d’un prétendu « front républicain » qui a également voté pour, ni d’un Conseil constitutionnel qui, même en le retouchant, s’appuiera sur toutes les contradictions républicaines pour valider ce projet de loi… Tout cela, à la grande satisfaction d’une extrême droite fascisante qui se tient déjà prête à jouer les supplétifs de la police de Darmanin, comme elle l’a montré plusieurs fois ces dernières semaines.
… car le racisme est bel et bien imposé d’en haut
« Les Français », selon un sondage BFMTV du 20 décembre, seraient favorables à cette loi immigration ? Le racisme et la xénophobie sont surtout débités en boucle sur différentes chaînes et organes patronaux et étatiques ! D’autres sondages affirmaient pourtant en septembre (Elabe) que 55 % des personnes interrogées étaient « favorables à la régularisation des sans-papiers » ou en octobre (Odoxa), que l’immigration n’apparaissait qu’en cinquième place dans les thèmes intéressant les sondés, loin derrière le pouvoir d’achat, la santé et le système de protection sociale. On n’a pas vu Macron et ses alliés brandir des sondages pendant la lutte contre la réforme des retraites, qui disaient qu’une écrasante majorité de la population y était opposée. Une bonne vieille technique politicienne des gouvernants : instrumentaliser les sondages… quand ils sont favorables à leur politique et les ignorer dans le cas contraire !
Dans toute l’Europe, cette politique de division des travailleurs entre « nationaux » et immigrés, pour mieux les exploiter toutes et tous, arrange bien le patronat qui pourtant réclame des régularisations quand la main-d’œuvre vient à manquer. C’est le cas même en Hongrie où le gouvernement d’extrême droite d’Orbán se trouve pris entre les demandes en main-d’œuvre du patronat et le racisme de ses propres lois qui y font obstacle.
Car si le racisme parvient à pénétrer la classe ouvrière, c’est bien parce qu’il est imposé d’en haut, du gouvernement et de tous les partis qui lui ont frayé un chemin jusqu’à cette loi. Il en va de même pour toutes les structures étatiques et autres préfectures de police, impatientes de la voir s’abattre sur les travailleurs avec ou sans papiers.
Certains préfets en effet se sentent les coudées franches pour organiser ce que la CGT dénonce à juste titre comme de véritables « rafles ». Celui d’Isère (38) a fait arrêter cette semaine, notamment à Grenoble, une dizaine de travailleurs sans papiers de différentes plateformes de livraison, placés en garde-à-vue et qui se sont vu octroyer OQTF et IRTF (interdiction de retour sur le territoire français). La CGT a répondu par un rassemblement et un collectif de soutien.
Construisons la mobilisation en vue du 14 janvier 2024
Bien des travailleurs avec ou sans papiers, ainsi que des jeunes, n’ont pas attendu la promulgation ou la validation de cette loi pour manifester et s’organiser. Bien avant le vote, des grèves de sans-papiers ont éclaté, notamment sur les chantiers des Jeux olympiques. Rappelons que de telles grèves entrainant des milliers de travailleurs sans-papiers en 2008, 2009 et 2010 (dans l’intérim, le bâtiment, le nettoyage et la restauration) avaient fait régulariser plus de 3 000 d’entre eux et avaient forcé le respect et la solidarité de bien des travailleurs sur tout le territoire.
Dès le vote de la loi Macron-Darmanin, des rassemblements et manifestations de plusieurs milliers de personnes se sont organisés dans bien des villes et en région parisienne. Dans cette dernière on a compté pas moins d’une dizaine d’établissements scolaires mobilisés entre le jeudi 21 et le vendredi 22 décembre. Une mobilisation de la jeunesse contre cette loi Darmanin-Le Pen, c’est bien ce que le gouvernement redoute ! La mobilisation doit se construire et s’amplifier dès la semaine de la rentrée.
Le NPA et NPA-Jeunes appellent à s’organiser, à se mobiliser et à manifester, localement et nationalement, à toutes les occasions, notamment pour préparer la manifestation du 14 janvier 2024, à l’appel de la Marche des solidarités et de dizaines d’associations, syndicats et organisations politiques.