Vendredi matin 1er décembre, fin d’une semaine de trêve, Israël a repris ses bombardements massifs sur la bande de Gaza. Ils avaient déjà fait 15 000 morts depuis le début de la guerre, détruit plus de la moitié des bâtiments dans le nord de la bande, détruit les hôpitaux, provoqué 1,5 million de déplacés, fuyant le nord sous les bombes. Et l’armée israélienne s’attaque désormais au sud de l’enclave, avec sauvagerie, là où elle avait précédemment sommé les populations du nord de se réfugier.
La guerre contre le Hamas n’est qu’un prétexte ; la guerre est menée contre la population palestinienne dans son ensemble. L’objectif du gouvernement israélien apparaît de plus en plus comme l’expulsion de tous les Palestiniens de la bande de Gaza, pour continuer à aller vers cet objectif affiché du projet sioniste d’un « État des Juifs » sur toute la Palestine, de la mer au Jourdain. Mi-octobre, le président égyptien Abdel Fatah al-Sissi avait refusé toute ouverture du poste frontière de Rafah pour éviter l’exode vers l’Égypte de la population gazaouie. Mais il osait dire que Netanyahou n’avait qu’à transférer la population de Gaza dans le désert du Néguev, à l’intérieur des frontières d’Israël. On ne sait pas ce qu’il en sera à la sortie de cette guerre, ou plutôt de ce nouvel épisode sanglant de la guerre permanente de l’État d’Israël contre les Palestiniens. Après encore combien de milliers de morts ? L’État d’Israël profite de la guerre à Gaza pour multiplier aussi ses colonisations en Cisjordanie avec l’aide de l’armée, au prix de quelques centaines de morts.
Non pas une nouvelle trêve, mais l’arrêt des bombardements et le retrait des troupes israéliennes de Gaza est une première exigence. Mais elle laisserait un territoire en ruine, une paix seulement provisoire et toujours pas le droit de vivre pour le peuple palestinien que les accords dits « de paix » d’Oslo en 1993 ont en réalité enfermé dans un ghetto. L’inversion du rapport de force pourrait venir de la révolte des peuples de la région. Et pourquoi pas d’un sursaut dans la population israélienne elle-même, des jeunes mobilisés qui refusent de jouer le rôle de massacreur qu’on leur demande. Mais les oppositions en Israël à la politique sioniste sont faibles. À ce jour, rien de similaire aux refus d’obéir et désertions qui avaient eu lieu au moins à deux reprises dans le passé, lors de la guerre du Liban des années 1980, et face aux jeunes Palestiniens de la « révolte de pierres » (la première intifada de 1987).
En tout cas, c’est pour les Palestiniens, pour tous les opposants des pays arabes voisins, pour la petite minorité qui, en Israël, lutte contre la politique d’oppression de son État que nos manifestations, ici en France, mais aussi partout dans le monde, peuvent être un encouragement.
O.B.