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Contre les chômeurs, mieux que Barnier, le dialogue social

L’accord sur l’assurance chômage passé le 14 novembre entre les syndicats CFDT, FO et CFTC d’un côté, et le Medef de l’autre, serait, selon la presse, un succès de la méthode Barnier du « laisser la place au dialogue social ». Avec en prime un avantage : ni motion de censure, ni 49-3, il suffit que bureaucrates syndicaux et représentants patronaux se mettent d’accord et les mesures s’appliquent. Et la justice a répondu présente pour débouter la CGT qui, n’ayant pas signé l’accord, demandait son invalidation.

Sur le dos des chômeurs, il est décidé 2,5 milliards d’euros d’économies sur quatre ans (2025-2028) puis 1,7 milliard par an les années suivantes. Les indemnités de chômage seront versées trente jours par mois, même les mois de 31 jours, escroquerie de cinq à six jours de moins d’indemnisation par an, qui doit rapporter 1,2 milliard sur quatre ans.

Le bouquet est réservé aux seniors. Ceux-ci ont droit à une durée d’indemnisation plus longue que les autres chômeurs : le seuil permettant 22,5 mois d’indemnités passe de 53 ans à 55 ans et celui garantissant 27 mois d’indemnités passe de 55 ans à 57 ans. Histoire de s’aligner sur l’augmentation de deux ans de l’âge de départ à la retraite. Et l’on invente une nouvelle façon de les envoyer au boulot sous le nom de « validation de l’expérience » : pas besoin de CDI pour eux, les patrons pourront les garder en CDD jusqu’à trois ans. Pour qu’ils ne coûtent pas trop chers aux patrons, si leur employeur leur propose un salaire trop bas, ils pourront continuer à toucher, pour compléter, une partie de leur allocation chômage. On ne lésine pas pour aider les patrons à faire bosser les vieux au rabais.

Au vu des économies réalisées, l’accord abaisse généreusement les cotisations patronales de 4,05 % du salaire brut à 4 % à partir du 1er mai 2025 ; coût 1,5 milliard sur quatre ans, à peu près ce que rapporte les cinq à six jours par an d’indemnisation volés.

Olivier Belin