Le maire de Saint-Brévin-les-Pins n’a pas eu d’autre choix que de démissionner, après des mois de manifestations d’extrême droite dans sa ville, du RN aux groupuscules néofascistes en passant par le parti de Zemmour. Des mois de menaces et jusqu’à un incendie criminel à son domicile le 22 mars dernier. Ce qui lui est reproché ? Avoir entériné, en février 2022, le déplacement dans sa commune d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada), à la demande de l’État. Dont nombre d’habitants de la commune étaient partisans, l’imbécillité xénophobe étant loin de dominer !
Soutien tardif… de pompiers pyromanes !
Aussitôt sa démission annoncée, voilà que Macron lui a fait savoir tout son soutien et Borne a proposé de le recevoir, ce qu’il a d’ailleurs appris par les médias. Ce soutien de la 25e heure ne fait que souligner non seulement l’absence de soutien de l’État face aux menaces de l’extrême droite, mais aussi sa complicité avec celle-ci : le gouvernement court derrière elle. Darmanin met en scène l’expulsion de familles des bidonvilles de Mayotte et y procède à de vraies rafles. Il reproche haut et fort à la Première ministre d’extrême droite en Italie, Meloni, de ne pas réussir à stopper les migrants. Alors il peut bien mettre en scène sa consigne aux préfets d’interdire toutes les manifestations de l’extrême droite, à la suite de l’indignation provoquée par la manifestation autorisée de centaines de fachos cagoulés à Paris le 6 mai dernier, sa posture ne fait pas illusion. Il aura toujours la main plus lourde pour interdire nos casserolades.
Diviser pour mieux exploiter
Ces discours xénophobes voudraient diviser. Si une majorité de la population de Mayotte vit dans la pauvreté, ce n’est pas à cause de plus pauvres qu’eux, venus du même archipel des Comores, mais bien du délaissement de l’État français. Si nous connaissons les bas salaires et la précarité dans l’Hexagone, ce n’est pas à cause des migrants mais en raison de la rapacité du patronat.
Un patronat dont Macron et Le Pen défendent les intérêts. Ainsi Darmanin prévoit dans sa loi « Immigration » un titre de séjour d’un an pour les secteurs en pénurie de main-d’œuvre, donc les métiers les plus pénibles et les plus mal rémunérés. Il fait l’équilibriste, entre satisfaire les besoins du patronat et manier la rhétorique xénophobe en faveur des expulsions et contre le regroupement familial.
Guerre aux pauvres et aux travailleurs
Le gouvernement de Meloni en Italie est un exemple parlant de ce que l’extrême droite au pouvoir réserve aux classes populaires. C’est à l’occasion de la journée du 1er mai qu’elle a choisi d’annoncer la suppression du « revenu de citoyenneté », soit 572 euros en moyenne, versés aux familles les plus pauvres. Les personnes considérées comme « employables » recevront désormais 350 euros à condition d’effectuer un travail (non rémunéré !) au sein de leur commune ou d’une collectivité.
Ces attaques contre les plus pauvres s’accompagnent de cadeaux pour le patronat. Les emplois en CDD sont facilités et les contrôles pour vérifier qu’il ne s’agit pas de CDD abusifs sont quasi supprimés. Dans l’hôtellerie-restauration, qui propose des salaires extrêmement bas pour des conditions de travail éreintantes, l’État prévoit un contrat d’apprentissage pour les chômeurs de plus de 40 ans.
Une seule et même classe ouvrière
Après trois mois d’une mobilisation qui leur a causé bien des cheveux blancs, Macron et ses ministres tentent d’allumer un contre-feu xénophobe. Ces manœuvres de diversion voudraient semer la haine et nous faire tourner la page des luttes collectives.
Face aux bas salaires, que l’inflation ne cesse de réduire, face au recul de l’âge de la retraite, dont personne ne veut et que le RN s’est bien gardé de dénoncer, et face à tout le reste, nos mobilisations doivent et vont continuer.
Quelles que soient nos origines et nos nationalités, nous n’avons comme ennemis que les patrons, et un monde à gagner en nous rassemblant dans nos luttes.
Éditorial du NPA du 15 mai 2023