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Coordination et convergence des luttes : les directions syndicales aux abonnés absents

Qu’elles touchent les entreprises privées ou les services publics, des grèves pour les salaires ont lieu presque sans discontinuer en France : il y en a sans doute eu des milliers depuis 2021.

Ce sont certes des grèves éparpillées, rarement à l’échelle de toute une entreprise, d’un groupe ou d’une branche, dont quelques-unes ont été davantage médiatisées : dans les raffineries en octobre 2022, chez Vertbaudet au printemps 2023, à Disneyland Paris en juin 2023, chez les contrôleurs SNCF en décembre 2022 puis en février 2024…

Beaucoup de ces grèves gagnent au bout de quelques jours, au moins partiellement, sous la forme de revalorisations en pourcentage ou de primes, car beaucoup de patrons cèdent, visiblement par peur d’une extension.

Mais, du côté des directions syndicales nationales, pas la moindre tentative de les coordonner. Pendant le mouvement des retraites de 2023, l’intersyndicale n’a pas cherché à lier maintien des pensions et urgence de l’augmentation des salaires, alors même que l’inflation s’emballait, que cette vague se poursuivait et que ce lien aurait pu encourager d’autres travailleurs à rejoindre la lutte. Cette coordination serait pourtant indispensable pour sortir des primes accordées localement et aller vers de véritables augmentations de salaire.

En octobre 2023, les directions syndicales ont appelé à une journée de grève pour les salaires, mais en noyant cette question dans une multitude de revendications vagues, comme le droit à vivre dignement… À quelques jours d’une « conférence sociale » à laquelle elles se sont précipitées pour discuter bien inutilement avec le patronat.

Le 19 mars dernier, seule la fonction publique a été appelée à se mobiliser, comme si l’urgence ne touchait pas le privé exactement de la même manière !

Le Medef et le gouvernement n’ont pas beaucoup à s’inquiéter de ces initiatives. Pourtant, un mouvement d’ensemble du monde du travail est bien nécessaire. Et les élections européennes sont là pour rappeler qu’il faudrait même l’organiser au-delà des frontières nationales, les travailleurs connaissant les mêmes galères, ayant bien souvent en face d’eux les mêmes patrons.

Mais, si les organisations syndicales font défaut, pas question pour autant de les attendre ou de baisser les bras : le mouvement d’ensemble, il faudra le construire nous-mêmes, faire converger les luttes et nous organiser pour cela.

 

 

(Article paru dans Révolutionnaires numéro 12, avril 2024.)