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COP 28 : derrière le simulacre de lutte pour le climat, la répartition des futurs profits

« Bien que nous n’ayons pas complètement tourné la page de l’ère des combustibles fossiles à Dubaï, ce résultat marque clairement le début de la fin »… a déclaré le secrétaire exécutif de l’ONU pour le climat, Simon Stiell, en clôture de la COP 28 à Dubaï, mercredi 13 décembre. La fin de quoi, de la planète ? Certainement pas la fin des profits des multinationales de l’énergie qui peuvent se réjouir que cette nouvelle COP sanctifie leur « transition écologique » bidon.

La « diplomatie climatique » à l’œuvre pour continuer de tourner en rond

Toute l’encre qui a coulé dans la presse ces derniers jours faisait mine de s’inquiéter de la pression des pays producteurs de pétrole, Arabie saoudite et États-Unis en tête contre toute mention d’une « sortie » des énergies fossiles. Finalement, le compromis « historique » trouvé entre les différents États capitalistes fait l’effet d’un pétard mouillé : la neutralité carbone pour 2050 se fera de manière « juste, ordonnée et équitable » à l’aide de l’« accélération des technologies à émissions nulles ou faibles, y compris, entre autres, […] le nucléaire, les technologies de réduction et d’élimination telles que le captage et le stockage [de carbone], et l’hydrogène bas carbone ». Sacré programme qui nous informe seulement que chaque État fera ce qu’il souhaite en fonction des intérêts de ses propres multinationales : la France se réjouit de la mention du nucléaire comme « énergie bas carbone », la Chine que le charbon n’est pas attaqué trop fortement (60 % de sa production d’électricité en provient), etc. Quant à la Russie et aux USA, ils ont obtenu la reconnaissance que « les carburants de transition peuvent jouer un rôle en facilitant la transition énergétique tout en assurant la sécurité énergétique » : feu vert donc pour continuer de développer la production de gaz par fracturation hydraulique, pourtant extrêmement nocive pour les écosystèmes.

Une arène où se préparent les marchés de demain

Dans cette COP qui n’a jamais vu autant de lobbys actifs pour « conseiller » les États, toutes les solutions sont bonnes pour ne pas sortir des énergies fossiles. Ainsi, elle met en avant les technologies de réduction et d’élimination de carbone comme le captage et stockage (CCS) sous la pression des producteurs de pétrole comme les États-Unis, l’Australie, la Norvège et les pays du Golfe avec le soutien modéré de l’Union européenne et de la France.

Il faut dire qu’un scénario de décarbonisation pariant sur le CSS coûterait 30 000 milliards de dollars : un sacré marché dont les multinationales pétrolières comme ExxonMobil et Occidental Petroleum comptent bien profiter. Ainsi, en pleine COP 28, le patron d’ExxonMobil, Darren Woods, proposait généreusement ses services : « Le captage du carbone va jouer un rôle. Nous sommes bons pour ça. Nous savons comment faire, nous pouvons contribuer. » On ne peut douter de sa sincérité : maintenir ses profits faramineux issus la production d’énergie fossile tout en capitalisant sur les conséquences, la « défense de la planète » ça rapporte !

Quant à la filière nucléaire, elle se réjouit d’une « reconnaissance mondiale », grâce aux efforts des États-Unis et de la France qui annonce tranquillement avoir remporté une « victoire diplomatique » par la voix de la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher. Suivi dans la foulée par l’Américain William Magwood, directeur général de l’Agence pour l’énergie nucléaire, qui annonce que la volonté de tripler les capacités nucléaires d’ici 2050 va devoir s’accompagner du déblocage des « financements dont le secteur a besoin ». Comprendre ici que les populations vont devoir mettre la main à la poche pour financer les projets industriels de leurs États, indépendamment des résultats.

L’adaptation des profits face à la crise climatique ne nous sauvera pas

Derrière les auto-congratulations des puissants à la suite de cette COP, les pauvres petites avancées semblent ridicules devant les problèmes qui nous attendent. Un fonds sur les pertes et préjudices a ainsi été voté et mis en place pendant la COP 28, avec l’ambition de subventionner les pays pauvres victimes des conséquences du changement climatique. Outre le financement ridicule de ce fonds (l’objectif étant à peine de 100 milliards de dollars par an), le non-respect évident des recommandations des scientifiques de ne pas dépasser les 1,5 °C d’augmentation va entraîner des catastrophes pour les populations qu’aucune somme d’argent ne pourra compenser.

Stefan Ino