Nos vies valent plus que leurs profits

COP29 : un demi pas en avant, deux pas en arrière

Alors que la COP28 de décembre 2023 devait marquer « clairement le début de la fin » pour les énergies fossiles, la COP29 s’est tenue… en Azerbaïdjan, dont 90 % des exportations proviennent des hydrocarbures. Pas étonnant que son président déclare avec dévotion que « le pétrole est un cadeau de Dieu » et qu’une véritable congrégation de 1 770 lobbyistes (dont le PDG français de Total, Patrick Pouyanné) se soit assurée d’empêcher toute restriction entraînant de potentielles baisses de profit pour les industriels. Au contraire, le texte adopté réintroduit l’idée que « les combustibles de transition peuvent jouer un rôle pour faciliter la transition énergétique tout en assurant la sécurité énergétique ». Amen.

Les « conférences des parties » (COP), loin de chercher des solutions face à la crise climatique, constituent des vitrines de premier choix pour les bourgeois du monde entier, où chacun met en avant les technologies « vertes » de « ses » entreprises. La transition écologique, sous sa version capitaliste, représente un immense marché dans les domaines de l’énergie, des transports, de l’agroalimentaire, etc. Mais si tout le monde veut en bénéficier, personne ne veut la financer.

« New Collective Quantified Goal » : qui va payer pour les profits des autres ?

Les pays les plus pauvres – qui subissent davantage les effets du dérèglement climatique et dont le développement industriel a été plus tardif – demandent que les pays riches qui ont pillé et pollué l’ensemble du globe « remboursent leur dette ». C’est-à-dire qu’ils financent la transition écologique « du Sud » en alimentant un pot commun à hauteur de 1 000 milliards de dollars par an pour les dix prochaines années, alors qu’il a fallu douze ans pour atteindre l’objectif précédent de 100 milliards, fixé en 2009. Pour l’État français, cela a représenté 7,2 milliards d’euros en 2023, soit 1,58 % de son budget. La France n’est certes pas le plus mauvais élève européen, mais on aurait pu s’attendre à ce qu’elle fasse davantage au vu des discours officiels sur l’urgence climatique !

Au bout du compte, les dirigeants capitalistes ont décidé d’une enveloppe de 300 milliards de dollars qui n’engage rien ni personne : l’élection de Trump, le départ de la délégation argentine de Milei et la multiplication des discours pro-austérité et climatosceptiques témoignent de la fragilité de ces « accords » issus de bras de fer économiques repeints en vert. Et de l’hypocrisie meurtrière de ces vampires capitalistes.

26 novembre 2024,Stefan Ino