Nos vies valent plus que leurs profits

Coupes budgétaires, hausse des budgets militaires : l’opposition étudiante à la politique du gouvernement prend de l’ampleur

Assemblée générale à la Sorbonne le 27 mars 2025

Avec plus de 2000 étudiants dans la rue à Paris, 500 à Lille et Bordeaux le 27 mars – deux semaines après la première journée nationale de mobilisation – l’agitation étudiante se renforce dans les campus comme dans la rue, malgré les manœuvres des présidences qui multiplient les lock-outs dans les universités.

L’agitation politique ne faiblit pas, bien au contraire !

À l’université Bordeaux Montaigne, la mobilisation a passé un cap et continue de faire tache d’huile. Mercredi 19 mars, 1500 étudiants réunis en assemblée générale décident aux deux tiers de bloquer le campus pour affirmer leur détermination à s’opposer aux coupes budgétaires, tout en dénonçant l’hypocrisie d’une présidence d’université qui assure combattre les coupes budgétaires mais tente de monter le personnel et les professeurs contre les étudiants mobilisés. Dans la foulée d’une tentative d’intimidation policière lundi 24 mars à 4 heures du matin, plus de 500 étudiants ont envahi les salles de cours et vidé méthodiquement meubles et chaises sous les yeux ébahis du personnel et des professeurs assistant à un blocage massif, fait au grand jour, tandis que la direction a imposé une fermeture administrative – dans la foulée de Rennes 2. L’occupation du campus Montaigne a libéré les énergies des jeunes « militants de la mob’» partis du coup débrayer le campus voisin aux cris de « Montaigne, Montesquieu, même combat ! Contre la sélection, et le patronat ! » avant de s’organiser dans une « commission extérieure » pour remettre ça les jours suivants, jusqu’à l’organisation d’une manifestation conjointe avec le personnel et les professeurs en direction du centre-ville : la colère doit se propager !

On a mille raisons de se battre

Dans les slogans des manifestations, on reconnaît la détermination d’une jeunesse qui refuse d’être sacrifiée sur l’autel des profits (100 milliards pour les actionnaires en 2024) ou de « l’Europe de la défense » (plus de 400 milliards prévus pour l’industrie militaire d’ici 2030). Les étudiants expriment leur opposition à toute la politique du gouvernement : elle ne s’arrête pas au refus de l’augmentation des frais d’inscription à l’université, elle manifeste encore son soutien à la Palestine ou aux jeunes expulsés de la Gaîtée-Lyrique. À Rouen, c’est le campus de droit – pourtant pas un habitué des manifs – qui s’insurge contre la présence d’un prof raciste dont le comportement a contribué à pousser un étudiant étranger au suicide et contre une administration qui le couvre, sous couvert de « neutralité ». Comme si la neutralité existait dans une société d’exploitation, où les universités – comme le reste des services publics – obéissent à la loi des profits.

Continuons d’étendre notre mobilisation : toutes et tous dans la rue le 3 avril avec les travailleurs de la fonction publique !

Quand l’ambiance se réchauffe dans de nombreuses facs (Bordeaux, Lille, Rouen, région parisienne), il faut battre le fer tant qu’il est chaud : des étincelles peuvent générer d’autres départs de feu. L’intersyndicale de la fonction publique appelle le 3 avril à une journée de mobilisation, les étudiants mobilisés doivent se servir de cette occasion pour tisser des liens avec les travailleurs qui seront en grève et exprimer largement dans la rue leur opposition au gouvernement. Une colère qui pourrait bien être contagieuse…

Stephan Ino