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Dans le transport, le 5 juin se prépare sur la base des revendications salariales

Depuis bientôt quatre ans, le secteur du transport de voyageurs est marqué par de très nombreuses grèves pour les salaires. Les raisons en sont le long gel imposé aux conducteurs, rendu insupportable par l’inflation récente, mais aussi le contexte de pénurie de personnel qui rend toute grève plus douloureuse pour le patron.

Dans cette situation, l’appel à la mobilisation du 5 juin rencontre un écho particulier. La direction de la CGT en a fait une journée sur le seul thème des retraites, mais devant la multiplication des mouvements locaux pour les salaires (Saint-Malo, Metz, Grasse, Abbeville, Brest et sans doute ailleurs sans qu’on le sache), la fédération CGT des transports ne pouvait pas délier les deux sujets.

Dans la région lyonnaise, les équipes soudées par les dernières luttes se saisissent donc de l’occasion pour se faire entendre. Chez Keolis Porte des Alpes, qui exploite une partie du réseau interurbain en Isère, les négociations obligatoires ont abouti à une augmentation insuffisante de 2 % et à un taux horaire à l’embauche de 13,27 euros. Même si deux syndicats ont signé l’accord, de nombreux collègues ne s’y retrouvent pas. Le comité de grève issu du mouvement de janvier 2023 s’est alors réactivé et, samedi 17 mai, une assemblée générale s’est tenue. Elle a essentiellement réuni les militants de chaque dépôt, fixé une revendication (un taux horaire à 13,60 euros) et s’est donné comme premier objectif deux jours de grève les 5 et 6 juin prochains, avec piquet et départ en manifestation à Grenoble.

Aux Transports en commun lyonnais (TCL), l’ambiance se réchauffe également. Sur des groupes WhatsApp, des conducteurs discutent revendications (pas de salaire en dessous de 2 000 euros net semble emporter une large adhésion) et organisent des débrayages de trente minutes ou d’une heure. Côté bus, certains de ces débrayeurs se sont retrouvés à une vingtaine devant un dépôt lundi 19 mai. Mais ce mouvement de débrayage se heurte à ses propres limites. Son anti-syndicalisme est un frein sur lequel certains syndicats s’appuient pour justifier leur attentisme et leur timidité. En croyant économiser l’argent des grévistes par des grèves courtes, il économise en réalité les coups portés au patron.

La CGT du mode lourd (tram, métro, funiculaires) a appelé à faire grève le 5 juin, et à se réunir en assemblée générale le matin même. Ce sera l’occasion de décider des revendications, alors que les négociations annuelles démarrent au mode lourd et au bus, quoique selon un calendrier différent, tentative de division patronale oblige. Si des travailleurs des deux secteurs se réunissaient à l’occasion du 5 juin, ce serait un jalon important dans la construction d’un mouvement d’ensemble pour les salaires dans le transport.

27 mai 2025, correspondants