Un premier débrayage
Mardi 16 à 10 heures, à l’appel de SUD-Rail, une centaine d’agents se sont réunis au réfectoire du BMR. Après les prises de parole syndicales, ce sont les ouvriers qui s’expriment : gestion de la production, embauches, hygiène du site, aucun sujet n’est écarté. Ce sont surtout les salaires qui reviennent sur la table. Des cheminots qui au bout de 20 ans de carrière peinent à voir une évolution sur leur fiche de paie, aux jeunes embauchés qui galèrent. Les représentants de la direction vivent dans un autre monde. Pour eux, tout le monde est au comble du bonheur au TI d’Hellemmes. Le DET n’a même pas pris la peine de se présenter. Il doit penser que les intérimaires se bousculent pour l’embauche et que les embauchés ne savent plus quoi faire de tout leur argent. Ils sont à des kilomètres de la réalité. Et nous avons remis les pendules à l’heure d’Hellemmes.
Les faits sont têtus
Face à la direction, les langues se délient. Ceux qui peuvent souvent le moins s’exprimer, les intérimaires et les nouveaux embauchés s’expriment. Pour les intérimaires, l’embauche revient à une perte de salaire de plus de 500 euros par mois, plus la perte des primes. Ce qui explique pourquoi beaucoup sont déjà partis. Pour ceux qui ont signé, faute de mieux, la direction est restée intraitable, refusant toute négociation sur les salaires. Avec un faux treizième mois, cela revient à être payé sous le smic. Les autres agents ne sont pas en reste avec une augmentation insultante de 1,8 % lâchée aux dernières négociations nationales. Nous sommes souvent dans des situations financières encore plus compliquées qu’en début de carrière.
Au TI
Les conditions de travail et d’hygiène sont aussi dénoncées. Rien ne change sur les postes de travail après un accident et après « enquête ». Ou alors de mauvaises solutions sont retenues malgré les recommandations des principaux intéressés. On attend parfois pendant des jours les pièces pour faire le boulot. Retard qu’il faudra combler dans l’urgence et dans la sueur. Et même les toilettes posent problème… celles proches des bureaux sont lavées deux fois par jour contre une fois dans les ateliers. Pas la faute des collègues du nettoyage, mais celle de la direction qui paye au moins cher et seulement pour ce qui l’intéresse. « Est-ce qu’ils ont un cul plus délicat que le nôtre » demande un collègue ?
Quand on l’interroge, la direction nous explique au calme qu’elle ne peut pas tout.
Les revendications
C’est simple, il faudrait 400 euros de plus pour tous. Cette fois, pas question de se faire enfumer avec de vagues pourcentages qui profitent surtout aux plus hauts salaires. 400 euros, c’est déjà la certitude de voir du changement dans son quotidien. Du cash, pour éviter le découvert mensuel, espérer payer ses factures et quand même faire plaisir aux gosses. Il faut aussi la hausse des primes mensuelles liées au coût des loyers, dont bénéficient nos collègues de la capitale. Le Nord n’étant pas réputé pour ses loyers abordables, ça serait un minimum.
Et après ?
Une motion a été remise par le syndicat à la direction avec menace d’appeler à la grève si rien n’est fait. Mais qu’attendre de la direction, que ce soit celle d’Hellemmes ou celle du national ? Rien. Peut-être un ou deux coups de racleau en plus dans les WC, vu que ce ne sont pas eux qui le donnent ? Pour que la direction descende de son perchoir, pour qu’elle daigne lâcher la moindre miette, seule la grève, l’arrêt de la production, la fera céder. Pour la suite, il ne faut pas attendre. Pas attendre qu’on négocie pour nous. Pas attendre qu’ils noient le poisson avec une énième prime ou les prochaines NAO. C’est à nous de nous réunir et de décider ensemble de l’ordre des choses : quand nous arrêterons le travail et dans quel but ? Pas de temps à perdre.
Nous ne sommes pas seuls
Des débrayages pour les salaires ont lieu en ce moment :
– dans des technicentres SNCF de la région parisienne ;
– dans des technicentres RATP de la région parisienne ;
– dans des plateformes industrielles courrier de La Poste ;
– sans compter tous ceux dans le privé.
(Tiré du bulletin Révolutionnaires SNCF Lille et environs du 22 janvier 2024)