Le décret du 27 mai 2025, applicable au 1er juillet, prétend renforcer la protection des travailleurs exposés à la chaleur. Une politique d’affichage, alors que les accidents du travail en France ne cessent d’augmenter. Les obligations énoncées – évaluer les risques, les réduire, former, fournir des équipements de protection individuelle – existaient déjà dans le Code du travail, applicables à tous les risques. Ce qui change ? Leur déclinaison aux vagues de chaleur, définies par les alertes Météo-France : jaune, orange ou rouge. Sauf qu’en 2024, la majorité des décès liés à la chaleur sont survenus lors de vigilances… vertes. Et que souvent, c’est à l’intérieur qu’il fait le plus chaud chaud, parce que les machines tournent, que les ventilations sont en rade, etc.
Au pire donc, ce décret offre de quoi se dédouaner aux employeurs amenés à répondre de malaises ou décès devant un juge. Ce qui est déjà assez rare.
Côté coercition, le décret introduit la possibilité de mise en demeure préalable à procès-verbal par l’inspection du travail. Avant toute sanction, l’employeur sera invité à se mettre en conformité dans un délai de huit jours maximum. Pendant ce temps-là, ceux qui bossent sous une chaleur accablante peuvent patienter. Pourquoi ne pas permettre l’arrêt d’activité, comme c’est
déjà le cas pour les risques d’électrocution ou de chute ? Parce que ça coûterait trop cher : retards de chantiers riment avec pénalités, les machines industrielles sont rentabilisées quand elles tournent en continu, et les serres de jardineries doivent bien ouvrir pour vendre.
Le minimum aurait été d’identifier des seuils de températures, déclenchant de réelles obligations pour les patrons et permettant de sécuriser les droits de retrait des salariés. L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) indique 28 °C maximum pour les travaux physiques. Avec les canicules qui se multiplient, il y a urgence à placer la santé des travailleurs au-dessus des profits, mais cela ne se décrète pas, ça s’impose.
24 juin 2025, Val Romero