Dérapages, série télévisée de Ziad Doueiri
Six épisodes de 52 minutes, 2020, disponible sur Netflix
Avec Éric Cantona, Suzanne Clément, Alex Lutz, Gustave Kervern
Inspirée du livre de Pierre Lemaitre Cadres noirs, cette minisérie est inspirée de l’histoire (vraie) d’une fausse prise d’otage à France Télévisions. Le roman avait déjà fait l’objet d’un très bon film en 2012 avec Albert Dupontel et Sandrine Bonnaire.
D’un côté, Alexandre Dorfmann (Alex Lutz), PDG d’une grande société. Pressé par les actionnaires, l’homme doit licencier plus de mille personnes dans une de ses usines, à Beauvais. Anticipant les réactions, notamment celle des ouvriers et de leurs familles, de l’opinion publique et des « syndicats sur les dents », l’homme cherche le cadre idéal pour mener à bien la délicate opération. Un conseiller d’une société de recrutement lui propose alors d’organiser une prise d’otages pour sélectionner à la fois le cadre qui sera chargé des licenciements, mais aussi un spécialiste des recrutements pour l’entreprise.
De l’autre, Alain Delambre, magistralement incarné par Éric Cantona, ancien DRH, est au chômage depuis six ans. Trop vieux aux yeux des patrons, en fin de droits, l’homme enchaîne les petits boulots et perd progressivement confiance en lui et en son humanité.
Un jour, il est contacté par une société de recrutement. Un espoir pour lui de se réinsérer dans la société. Mais les choses ne se passeront pas comme prévu.
Addictive, cynique, mais, malgré tout, très touchante, cette minisérie met en lumière la violence des patrons de l’industrie capitaliste, prêts à tout, ainsi que les conséquences humaines de ces méthodes de management.
En regardant la série, on peut penser que c’est « trop gros ». Pourtant, Pierre Lemaitre n’a fait que s’inspirer de faits réels. Il explique être parti de témoignages sur des méthodes de recrutement un peu musclées.
Quant à la fausse prise d’otage, elle aussi tire son origine d’une histoire vraie. En 2005, Philippe Santini, alors directeur général de France Télévisions Publicité, a eu l’idée de tester la gestion du stress de ses cadres en organisant une fausse prise d’otage avec des agents du GIGN payés en extra. L’affaire sera révélée un mois plus tard par le Canard enchaîné. À la suite d’une plainte de cadres traumatisés, il sera finalement condamné en 2010 à 2 500 euros d’amende pour « Complicité de violences aggravées avec préméditation, et usage ou menace d’une arme… » Ce qui n’empêchera pas qu’il reste à son poste jusqu’en 2012.
Ghislaine Thomas