Nos vies valent plus que leurs profits

Disneyland Paris : « Working Class on Parade »

Des grèves récentes pour les salaires ont marqué l’actualité, dont celle des femmes de Vertbaudet, sur lesquelles nous avons communiqué sur notre site. À Disney aussi, les Picsou du patronat ont été bousculés !

Disney a connu des semaines de fiertés ouvrières ! Une histoire magique, qu’on pourrait raconter : « Il était une fois, dans une ville qu’on appelle Marne-la-Vallée, au bout du RER A, une entreprise où les fontaines coulent à flots – sur fond de musique féerique et palais aux façades roses -, quand soudain des slogans revendicatifs se font entendre… » Oui, à la parade habituelle des Mickey, s’est substituée celle de milliers de « castmembers » (« salariés » en langage managérial) grévistes !

Dans cette entreprise de près de 15 000 salariés, il est difficile d’échanger sur les galères du quotidien : plannings et rythmes de travail changeant plus vite que la météo, roulement des effectifs, multiplicité des statuts, contrats courts qu’on nous promet de transformer en CDI (« un jour » !), intérim, sous-traitance. Mais ces freins à l’émergence d’une lutte collective, la colère les a faits sauter. Une rage à l’idée absurde qu’on pourrait « créer de la magie avec de la misère » ! Mais ras-le-bol de la « fée Clochette », place à la « fée clocharde ! »
Tout a commencé par des débrayages début mai chez les techniciens de la maintenance des attractions et chez les salariés des spectacles ; puis la grève a gagné l’ensemble du parc : hôtellerie, propreté, restauration, sûreté et logistique et autres.

Un comité « Mouvement anti-inflation » (MAI) a réuni des salariés de maintenance, constitué en dehors des syndicats mais rejoint par certains. Des revendications ont été portées par le MAI en assemblée générale : 200 euros net d’augmentation, paiement double du dimanche travaillé et indemnité kilométrique doublée. Puis d’autres revendications ont émergé, contre des variations d’horaires d’un jour à l’autre, contre des déplacements pour seulement quatre heures de travail quand on a deux heures de trajet…

Le hit de la Reine des neiges a été adapté par les grévistes : grâce à leur lutte, c’est de leur travail qu’ils sont « libérés (et) délivrés ». Applaudissements de visiteurs ! Une journée a encore eu lieu le 19 juin, avec des grévistes plus déterminés que jamais.

19/6/2023, Correspondance

 

 

(Article paru dans Révolutionnaires numéro 3, été 2023)