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Dissoudre un mouvement antifasciste : tout un symbole de la politique de Retailleau et du gouvernement

Le 12 juin, le Conseil des ministres a prononcé la dissolution du mouvement antifasciste la Jeune Garde. Pour faire piètre illusion, il a aussi annoncé la dissolution de l’organisation néofasciste Lyon Populaire. Selon Retailleau, « l’État ne saurait tolérer que de tels groupements continuent à exalter impunément la haine et la violence, quelle que soit leur orientation politique ou idéologique ».

Une logique qui devrait le conduire à proposer la dissolution… du RN et de son propre gouvernement, qui ne cesse d’administrer les preuves qu’il marche dans le sillage de l’extrême droite, à coup de discours sur « l’ensauvagement » ou de spectaculaires opérations de rafles de travailleurs sans papiers.

En matière de haine et de violence, l’attentat raciste qui a coûté la vie à Hichem Miraoui, coiffeur tunisien de 45 ans dans le Var le 31 mai, est une dramatique démonstration des conséquences de la montée des idées xénophobes en France. Le meurtrier mêlait sur ses réseaux sociaux appels à des meurtres racistes et incitations au vote RN. Le Pen et Bardella ont, en guise de pare-feu, dénoncé un crime raciste, des déclarations aussitôt contestées par leurs propres sympathisants.

Leur entreprise de quête de respectabilité et de dédiabolisation est tous les jours démentie par les propos et les écrits de militants et d’élus de leur parti. Sur la page officielle de soutien à Bardella sur Facebook, des centaines de messages racistes et d’appels au meurtre ont été postés suite à la victoire du PSG début juin. Un autre groupe Facebook, intitulé « La France avec Jordan Bardella », dont sont membres 34 députés RN, est truffé de messages racistes… La liste est interminable. Et maintenant, la défense par Marine Le Pen de Caroline Parmentier, qui est une de ses plus proches collaboratrices : vice-présidente du groupe RN à l’Assemblée, responsable presse du RN pendant les campagnes des Européennes de 2019 et de la présidentielle de 2022. En tant qu’ancienne rédactrice du journal d’extrême droite catholique traditionaliste Présent, elle est mise en cause pour ses écrits homophobes, racistes, antisémites ou célébrant le maréchal Pétain. Elle s’illustre par sa dénonciation du « lobby juif », ou de Simone Veil, qui devient sous sa plume « la grosse, celle de la loi qui porte son nom et qui génocide 220 000 petits innocents par an ». Un triste florilège à l’image non seulement de la mouvance du RN mais aussi de ses figures les plus officielles.

Que va faire Retailleau, sinon continuer à leur emboîter le pas ? Et mettre ses menaces à exécution, concernant la dissolution du collectif Urgence Palestine, alors que le génocide des Palestiniens se poursuit en toute impunité ?

24 juin 2025, Lydie Grimal