Nos vies valent plus que leurs profits
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Dockers américains : cap vers la grève !

Les travailleurs des ports de la côte Est américaine, du golfe du Mexique et des Grands Lacs, représentés par le syndicat ILA, ont débuté un mouvement de grève à compter du 1er octobre.

Une colère bouillonnante

Leur revendication principale : l’augmentation des salaires d’environ 35 %, pour être revalorisés à la hauteur de ce que leurs camarades de la côte Ouest avaient obtenu l’année passée. Ils exigent également des garanties de maintien de l’emploi face à l’automatisation croissante engagée après l’expiration fin septembre de leur accord social concernant 25 000 personnes, avec le groupe d’employeurs USMX. Après plusieurs semaines, les négociations entre l’ILA et l’USMX avaient échoué. Plusieurs milliers de dockers s’embarquent donc dans cette mobilisation inédite par son ampleur depuis 1977 : elle pourrait mettre à l’arrêt de près de 60 % du fret maritime du pays.

La première journée de mobilisation a été l’occasion de nombreux débrayages comme ce fut le cas à Port Elizabeth, dans les terminaux new-yorkais. Piquets de grève et rassemblements ont émergé sur tout le littoral.

Cette colère se place dans la continuité des luttes de ces derniers mois où de nombreux secteurs ont fait entendre leur voix : chez Boeing, dans l’automobile, chez les soignants et enseignants.

Démocrates et Républicains : faire chavirer le cœur des travailleurs pour mieux régner

Les élections sont en ligne de mire, Biden fait sa démagogie, et « exhorte » l’USMX « à venir à la table et à présenter une offre équitable aux travailleurs ». Ce qu’il craint surtout, c’est la prolongation de la contestation et les pertes qu’elle pourrait engendrer pour l’économie du pays : une semaine de grève amputerait le PIB américain de 7,5 milliards de dollars ! Les travailleurs savent bien le profit qu’ils génèrent et qu’on leur arrache. Jonita Carter, dockeuse et gréviste, rappelle à juste titre : « Nous avons travaillé durant le Covid, nous ne nous sommes jamais arrêtés. On a permis au monde de continuer à fonctionner. » Pour le président américain s’apprêtant à quitter le navire, celui-là même qui pendant tout son mandat a sabordé les aides sociales, il est surtout question de préparer le terrain à Kamala Harris et, dans une ultime manœuvre tactique, de faire croire que son parti se placerait dans le camp des travailleurs.

Il ne l’a jamais été, pas plus que le Parti républicain. Trump brasse du vent avec des promesses choc sur l’emploi assurant qu’il va « voler le travail des autres pays » et réindustrialiser. La même fable protectionniste que celle servie durant son premier mandat et dont le résultat a été la dérégulation du travail et les attaques contre le droit syndical.

Une mobilisation qui va faire des vagues ?

La contestation en cours se veut très offensive : appels à la solidarité internationale, au soutien des salariés du secteur portuaire de la côte Est et à la poursuite du mouvement jusqu’à ce que satisfaction soit obtenue. Au Canada, les ports de Vancouver et Montréal sont déjà secoués par des mouvements sociaux depuis plusieurs jours, ce qui peut être un appui déterminant.

À l’approche des élections, démocrates ou républicains ne font que mener les ouvriers et les ouvrières en bateau et ne leur offrent aucun horizon autre que la duperie dans un contexte d’inflation de l’énergie, du logement et de l’alimentation (depuis 2019, respectivement +61 %, + 51 % et + 25 %) et d’envolée de l’endettement des ménages. Leur vrai moyen de pression est la mise à l’arrêt des infrastructures portuaires pour renverser la vapeur et rappeler qui tient la barre !

Émile Fassin