Malgré des avancées dans certains pays, la situation globale des personnes LGBTI dans le monde se dégrade. Si beaucoup pointent l’Asie ou l’Afrique, continents sur lesquels on trouve la majorité des pays aux législations les plus réactionnaires, il faut rappeler que des attaques ont lieu contre les personnes et les droits LGBTI y compris en Europe et aux États-Unis, et que leur défense est souvent plus à la charge d’associations et d’organisations que des États, même repeints en arc-en-ciel.
Une offensive réactionnaire mondiale
L’extrême droite progresse partout et de nombreux partis reprennent tout ou partie de sa démagogie et de sa politique réactionnaires. Anti-migrant et, plus généralement, raciste, sexiste, le programme de l’extrême droite, c’est aussi un catalogue de mesures anti-LGBTI. Le Rassemblement national n’hésite pas à se prétendre grand défenseur des LGBTI pour mieux accuser l’islam de tous les maux, mais, avec la droite, il s’oppose aux droits des jeunes trans et lutte contre la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes, au prétexte, dans les deux cas, de protéger les enfants. Et, en Italie, Meloni s’en prend aux mères lesbiennes en privant celles « non biologiques » de leur statut de mère.
En effet, ces reculs ne se limitent pas à la France. L’Association internationale des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexuées (ILGA) évoque une « augmentation alarmante des restrictions à la liberté d’expression et d’association » sur ces questions et rappelle que près d’un tiers des pays criminalise l’homosexualité. Depuis l’adoption par l’Ouganda, fin mai 2023, d’une telle loi, allant dans certains cas jusqu’à la peine capitale, l’homosexualité est passible de la peine de mort dans douze pays. D’ailleurs, après la promulgation de cette loi en Ouganda, le nombre d’agressions anti-LGBTI a augmenté dans le pays et, en janvier de cette année, un militant a été victime d’une tentative de meurtre.
Les politiques anti-LGBTI encouragent bien sûr les violences perpétrées, comme en Argentine (voir ci-contre) ou encore dans en Oklahoma, aux États-Unis, où le harcèlement et les agressions à l’école ont poussé au suicide, en février de cette année, une personne non binaire de 16 ans sans que cela déclenche une enquête. Le gouverneur de cet État s’était déclaré opposé à « l’idéologie du genre » et entend mener une politique en conséquence, à l’instar de nombreux élus républicains qui font de la lutte contre les droits trans et LGBTI leur fonds de commerce réactionnaire. Une lutte contre le prétendu lobby LGBTI qui traverse la planète, comme en Russie, où les associations LGBTI sont considérées comme extrémistes et terroristes.
Des avancées à défendre et à concrétiser
Pourtant, des réactions existent. À Murfreesboro, dans le Tennessee, un État ayant adopté 19 lois anti-LGBTI depuis 2015, l’homosexualité a été légalement interdite jusqu’à ce que la pression des associations et militants fasse sauter cette loi. En mars, à Padoue, en Italie, un tribunal a reconnu à 35 couples lesbiens leur statut de mères. Au-delà des résistances, des progrès ont même lieu, comme en Allemagne, en Espagne, en Équateur, en Finlande et en Nouvelle-Zélande où le changement de nom et de mention de sexe à l’état civil ont été facilités. La Suède a suivi la même voie en avril, bien que plus modérément. Fruits d’une mise en adéquation de la loi avec l’époque mais aussi souvent résultat de luttes, ces trop rares avancées doivent être défendues face aux attaques réactionnaires qui les remettront régulièrement en question.
D’où le sens de notre présence dans la rue à l’occasion des marches qui ont eu ou auront lieu un peu partout.
Marinette Wren et Liliane Laffargue
Dossier paru dans Révolutionnaires no 16