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Drôme : la santé sexuelle sacrifiée sur l’autel de l’austérité

Près de 500 personnes en manifestation à Die, contre la fermeture des CSS, 25 mars 2025

Le 14 avril 2025, tandis qu’on nous vend à grand renfort de com’ l’inscription de l’IVG dans la Constitution comme une avancée historique, le conseil départemental de la Drôme décide de la fermeture de sept centres de santé sexuelle (CSS) et une baisse de 20 % des subventions pour les dix restants. Une attaque frontale contre le droit à la santé et l’éducation sexuelle, pour une économie dérisoire de 210 000 euros sur un budget départemental de plus de 800 millions.

Les CSS ne sont pas de simples lieux de soins : ce sont des lieux essentiels de prévention, d’écoute, d’éducation à la vie affective et sexuelle, d’accompagnement face aux violences sexistes et sexuelles, qui assurent un accès gratuit et anonyme à la contraception, à l’IVG et aux dépistages des infections sexuellement transmissibles (IST).

Leur fermeture implique une réduction de près de 40 % des lieux d’accès aux soins en santé sexuelle dans le département. Pour les jeunes, les personnes LGBT+, les femmes, les personnes en situation de précarité ou les victimes de violences, ces lieux étaient souvent l’unique porte d’entrée vers une aide concrète et gratuite.

Le planning familial de la Drôme tire la sonnette d’alarme : ce sont des centaines de consultations hebdomadaires qui disparaîtront avec ces fermetures, des dizaines d’interventions en milieu scolaire annulées, un recul dramatique pour les territoires ruraux, déjà en situation de désert médical.

Cette décision s’inscrit dans une offensive plus large menée au nom de l’austérité, qui frappe systématiquement les services utiles aux populations. Dans les Pays de la Loire, le planning familial a récemment perdu la totalité de sa subvention régionale. Ces coupes budgétaires sont politiques : elles visent à casser méthodiquement des acquis arrachés de haute lutte.

Et ce alors même que l’État tente de faire passer l’inscription de l’IVG dans la Constitution comme une avancée majeure. Un geste symbolique qui ne coûte rien, pendant qu’on taille dans les budgets de terrain. Ce décalage criant révèle la nature hypocrite du pouvoir : garantir des droits dans les textes et les saborder dans les faits.

La fermeture des centres de la Drôme, programmée pour le 1er juillet 2025, n’est pas une fatalité. Face à ce démantèlement organisé, il ne suffira pas de signer des pétitions, il faut se battre contre la fermeture des CSS, comme contre celle de tous les centres de santé. Lutter pour des moyens dans la santé et un accès garanti à tous et toutes, c’est lutter pour un renversement des priorités : pour que les droits à disposer de son corps, à la sécurité, à la santé, à la dignité, ne soient plus des privilèges conditionnés par la rentabilité capitaliste, mais des garanties concrètes pour tous et toutes.

Nora Debs