Nous reproduisons les échanges avec LO que nous avons initiés dès lundi 10 juin 2024.
De : CE du NPA–Révolutionnaires, à : la direction de Lutte ouvrière, le 10 juin 2024
Camarades,
Nous avons expliqué depuis des semaines dans nos campagnes respectives à quel point la politique pro-patronale menée par tous les gouvernements successifs depuis 40 ans, y compris les gouvernements de gauche, et qui a continué à s’accélérer sous Macron, pavait la voie à l’extrême droite.
La dissolution de l’Assemblée, au-delà du coup politicien, en est le paroxysme. Comme l’avaient déjà illustré l’adoption de la loi Darmanin-Le Pen ainsi que le soutien du RN à l’immense majorité des mesures anti-ouvrières de la majorité, que ce soit contre les travailleurs étrangers, les travailleurs privés d’emploi, pour tenter d’embrigader la jeunesse, pour subventionner le patronat, rogner sur les services publics et les aides sociales, etc. Non seulement Macron n’est en aucun cas un barrage à Le Pen, mais il en est le marchepied, car ils partagent fondamentalement la même politique : celle du grand capital.
Les partis de gauche qui aspirent à gouverner le système capitaliste, comme LFI, le PCF, les Verts et le PS, prétendent chacun que l’union de la gauche (de préférence derrière eux-mêmes) serait la seule perspective. Mais la gauche ne fait pas mystère de ses intentions politiques. Même le PCF et LFI, qui se sentent tenus, par leur base militante et électorale, d’avancer certaines mesures favorables au monde du travail, prennent soin de rester exclusivement sur le terrain institutionnel.
Si jamais cette gauche parvenait à accoucher un nouveau « front populaire », il serait incapable, tout comme son prédécesseur historique, de s’en prendre au patronat. Bien au contraire, il s’appuierait sur les institutions de la République bourgeoise pour canaliser, freiner voire réprimer les aspirations et les luttes éventuelles des travailleurs.
Les modèles de Roussel et Mélenchon – Marchais et Mitterrand – ont été de loyaux serviteurs de l’impérialisme français, sur le plan intérieur comme en politique étrangère. Le PCF et LFI ne cachent même pas leurs intentions de renforcer le militarisme, la présence de la France en Afrique et dans ses anciennes colonies, et se font les champions d’une prétendue « ré-industrialisation » au bénéfice du patronat français.
Dans la situation de crise politique ouverte par le résultat pourtant attendu des élections européennes, seule l’irruption des travailleurs et de la jeunesse pour leurs propres revendications, en toute indépendance des appareils politiques et syndicaux de la gauche, pourrait ouvrir une perspective qui rompe avec l’impasse électorale.
Nous nous sommes présentés aux élections européennes en défense de nos perspectives communistes, révolutionnaires et internationalistes avec un programme à même d’armer les luttes qui ne manqueront pas d’éclater. C’est dans la même logique que nous voulons nous donner les moyens d’être présents dans ces élections législatives. D’abord et avant tout en saisissant toutes les occasions pour organiser les travailleurs et la jeunesse qui réagiraient à la situation politique : rassemblements, manifestations, AG, etc. Mais aussi en présentant des candidatures aux élections législatives dans la mesure des délais et de nos moyens.
Nous vous proposons de nous rencontrer au plus vite, dès demain, afin d’échanger sur nos appréciations de la situation et nos possibilités respectives d’intervention, ainsi que d’une manière commune d’assurer la plus large présence de nos idées révolutionnaires dans les élections à venir.
Salutations fraternelles.
De : Lo à NPA Révolutionnaires, le 11 juin
Camarades,
Nous avons décidé de nous présenter seuls aux élections législatives du 30 juin.
Nous tenons à pouvoir développer notre politique, de la façon la plus claire possible et sans avoir à nous entendre sur un texte commun. Les délais sont, à notre avis, trop courts pour cela.
De toutes façons, les faibles résultats de nos deux organisations lors du scrutin européen montrent bien, s’il y avait le moindre doute, que nous ne sommes absolument pas en mesure de peser de la moindre façon dans la situation politique actuelle, que nous soyons ensemble ou séparés. Autant alors que chacun puisse mener sa campagne comme il l’entend.
Il sera temps de confronter nos analyses politiques fin août, à l’occasion du débat auquel nous avons accepté de participer, lors de vos Rencontres d’été.
Recevez, camarades, nos salutations communistes.
De : CE du NPA–Révolutionnaires à : la direction de Lutte ouvrière, le 12 juin 2024
Camarades,
Nous regrettons que vous refusiez une rencontre pour discuter de la situation. Nous avons bien compris votre insistance à souligner que nous aurions des politiques très différentes, même si nous ne la partageons pas ou pensons du moins que précisément ça mériterait discussion. Nous avions entendu vos arguments pour refuser une campagne commune aux Européennes. La situation a certes changé, mais nous ne réitérons pas du tout la même proposition pour ces législatives. Nous ne vous proposons pas – dans les délais imposés par Macron – les termes politiques d’un accord de candidature commune.
Le motif que vous avancez pour votre refus est que vous tenez « à pouvoir développer [votre] politique, de la façon la plus claire possible et sans avoir à nous entendre sur un texte commun. » Dont acte, ne cherchons pas à nous entendre sur un texte commun. Ne mélangeons pas les logos. Ne mélangeons pas les meetings – même si pour notre part nous appellerons nos camarades à se rendre au vôtre. Quant à l’aspect financier, il est très secondaire pour nous et nous le laissons entièrement à votre appréciation.
Actons simplement un partage des circonscriptions, qui tienne compte du poids relatif de nos deux organisations ainsi que de leurs moyens financiers et militants. L’important pour nous, est de montrer que nous sommes opposés au Front populaire, car sa politique est totalement contradictoire à la nôtre. L’important est d’affirmer l’existence d’un courant communiste, révolutionnaire et internationaliste.
Nous nous apprêtons à nous présenter dans quelques dizaines de circonscriptions, entre 50 et 100 en fonction de nos moyens. En cas de partage, et parce que vous avez d’ores et déjà annoncé votre présence sur plus de 540 circonscriptions, nous serions prêts à nous contenter de 20 à 50 circonscriptions. Notre but n’est pas de rentrer dans une négociation d’apothicaire sur les circonscriptions. Nous pourrions nous contenter d’une seule dans des grandes villes où elles sont nombreuses et compléter dans des villes où vous n’avez de candidat local. De quoi montrer que nous sommes présents, que nous sommes totalement indépendants du front populaire – et prêt à le combattre s’il arrivait au pouvoir demain. Sur toutes les autres (entre 490 et 520 circonscriptions), nous appellerons à voter Lutte ouvrière, et nos camarades feraient une campagne active dans ce sens.
Il s’agirait d’une solidarité basique entre nous, ni plus ni moins. C’est ce type de proposition que nous aurions aimé vous faire hier par oral mais que nous maintenons aujourd’hui par écrit.
Salutations fraternelles
Lire aussi notre article : Aux législatives du 30 juin, faire entendre un pôle des révolutionnaires !