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Éducation nationale Grenoble : pas de moyens, pas de rentrée

Lundi 3 novembre, une centaine d’employés de l’Éducation se sont réunis devant le rectorat de Grenoble pour réclamer des moyens face au manque criant concernant l’inclusion des élèves à besoins particuliers. Cette mobilisation fait suite aux promesses non tenues qu’avaient fait le recteur et le Dasen l’année dernière. En effet, le 5 mai dernier, plusieurs centaines de travailleurs de l’Éducation s’étaient mobilisés pour exiger des moyens et avaient voté la reconduction de trois jours de grève, les 13, 14 et 15 mai.

Suite à ces journées de mobilisation, le recteur et le Dasen avaient fait le tour des écoles mobilisées et promis que tout irait mieux à la rentrée scolaire 2025 grâce au PAS (pôle d’appui à la scolarité) et au programme « Respire ». Le premier dispositif, extrêmement flou, vise à regrouper plusieurs missions — aide éducative, handicap, décrochage — sous une même bannière, sans moyens supplémentaires ni formation spécifique pour le personnel (AESH, AESH référente, coordonnateurs du PAS…). Dans certaines écoles et collèges grenoblois, il remplace en partie les Pial (pôles inclusifs d’accompagnement localisé). En pratique, il entraîne une dégradation des conditions de travail des AESH, désormais sans emplois du temps stables et devant accompagner plusieurs élèves à la fois, une insécurité pour le personnel nouvellement nommé à des postes sans cahier des charges clair, et des élèves en difficulté laissés sans accompagnement. Le second programme, « Respire », prévoit de retirer temporairement les élèves perturbateurs des classes et de les placer dans d’autres établissements sur plusieurs demi-journées. Au lieu de réduire le nombre d’élèves par classe, ce qui permettrait une meilleure gestion, il impose parfois aux familles de transporter leurs enfants sur le temps de midi. Ce programme, présenté comme une solution, n’a cependant pas encore été mis en place malgré sa programmation théorique pour la rentrée 2025. Rappelons que, selon les mots du recteur, il fallait « laisser une chance au produit ». Encore faut-il qu’il y en ait un…

Force est de constater que ces promesses d’amélioration des conditions d’enseignement et de travail sont restées lettres mortes. Mais, contrairement au recteur, le personnel en grève a bien tenu sa parole : pas de moyens, pas de rentrée.

Un constat affligeant

Lundi 3 novembre, devant le rectorat, les prises de parole ont dressé le constat d’une rentrée extrêmement compliquée. De nombreux élèves se retrouvent sans place en IME (institut médico-éducatif) ou en Ulis (unités localisées pour l’inclusion scolaire) et sont inclus dans les classes, parfois sans accompagnement adapté. De nombreux autres se retrouvent sans leurs heures d’accompagnement AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap).

Le 30 octobre, Édouard Geffray, ministre de l’Éducation, reconnaissait que 42 000 élèves en situation de handicap étaient encore en attente d’accompagnement. En Isère, selon la direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO), citée mardi 28 octobre lors d’une commission d’enquête parlementaire, ce sont 700 enfants qui ne seraient pas accompagnés correctement et 150 qui n’auraient pas du tout d’accompagnement. Des chiffres qui seraient sous-estimés selon un article du Monde, qui affirme que plus de 1 000 élèves seraient non ou mal accompagnés.

Une collègue d’un des collèges mobilisés affirmait même qu’ils avaient appris, lors d’une réunion, qu’en réalité, ce serait près de 4 500 élèves qui se retrouveraient dans cette situation. Par ailleurs, plus de 400 enfants seraient sans logement dans l’agglomération.

À ce constat affligeant s’ajoutent des conditions de travail inacceptables pour nos collègues AED (assistant d’éducation) payés au Smic pour 42 heures hebdomadaires, et AESH, payés environ 1 000 euros par mois.

Elles et ils réclament des conditions de travail et un salaire décent, des formations sur leur temps de travail, et une véritable reconnaissance de leur métier.

Lors de l’assemblée générale, les collègues ont rapporté la teneur des réunions entre directeurs d’école et la hiérarchie. Selon nos chefs, nous ferions remonter trop de notifications : le problème ne serait pas le manque de moyens, mais bien ces enseignants qui « en abuseraient ».

Le mépris n’a donc pas de limite.

De l’argent pour l’éducation, pas pour les flics ni pour l’armée

Mais comment faire, alors qu’il n’y aurait plus d’argent ? Sauf, bien sûr, pour augmenter le budget militaire, qui devrait atteindre 69 milliards d’euros en 2030 et remplir les poches des marchands de canon. Sauf aussi pour les entreprises détenues par des milliardaires, à qui l’on a versé 211 milliards d’euros d’exonérations de toutes sortes. Alors, de l’argent, il y en a, mais dans les poches de ceux qui se gavent sur notre dos.

Quant à la réponse aux revendications des grévistes, elle est tout à fait claire : la police a été envoyée afin de les empêcher d’entrer dans le bâtiment du rectorat pour demander des comptes au recteur. Voilà comment ils répondent aux revendications légitimes de nos collègues.

Quelles suites à la mobilisation ?

Une nouvelle assemblée générale aura lieu le mercredi 26 novembre pour discuter des suites de la mobilisation. Pour obtenir des moyens supplémentaires et des conditions de travail dignes, les travailleurs et travailleuses de l’Éducation ne pourront compter que sur leur propre force, sur leurs grèves, et sur les liens avec d’autres secteurs en lutte, comme celui du travail social, qui se mobilisera trois jours, les 16, 17 et 18 décembre.

NPA-Révolutionnaires Grenoble-Isère