Nos vies valent plus que leurs profits

Éducation nationale : le « choc des savoirs » ne passe toujours pas

Après plusieurs semaines à jouer au « bon » et au « mauvais » flic, Attal et Belloubet ont publié les décrets sur le « choc des savoirs » instaurant les groupes de niveau, désormais renommés « groupes de besoin », et l’obligation d’avoir le brevet pour pouvoir accéder au lycée.

Au regard des taux actuels de réussite au brevet, c’est 10 % des élèves, soit 90 000, qui seraient interdits d’accès au lycée. Mais Attal a annoncé sa volonté de « baisser le taux de réussite au brevet », autrement dit, avec sa réforme, d’éjecter encore davantage d’élèves du système scolaire. Certes, il y aurait les « classes prépa-seconde » censées être réservées aux élèves ayant échoué au brevet… Mais, pour le moment, il n’en prévoit qu’une par département, avec des contenus d’enseignement qui ne sont pas définis dans la note de service… Bien évidemment, tout le monde comprend que ce sont les jeunes classés dans le « groupe des nuls » qui auront le plus de chances d’échouer au brevet. D’autant que, aavec les 700 millions d’économies prévues sur le budget de l’Éducation nationale, le ministère ne crée même pas les postes nécessaires pour que l’ensemble des « groupes » puissent avoir des enseignants, au point qu’il annonce faire appel aux professeurs des écoles et… aux retraités pour aller enseigner dans les collèges !

Le 19 mars dernier, le personnel de l’Éducation nationale a fourni le gros des cortèges lors de la journée de grève de la fonction publique. À Paris notamment, c’est un énorme cortège de l’éducation qui a ouvert la manifestation, avec plusieurs milliers de grévistes du 93 et de toute l’Île-de-France. Des appels à reconduire avaient émergé un peu partout : en Île-de-France où, depuis la rentrée des vacances de février les actions se multiplient, mais aussi en région.

En Loire-Atlantique, une AG de 230 collègues a voté la reconduction les 20-21-22 mars, avec des blocages d’établissements, des opérations écoles désertes, et une manifestation le 23 mars à Nantes. En Gironde également, des grèves et des actions ont eu lieu toute la semaine. Souvent en commun avec les parents d’élèves, révoltés à l’idée du sort que le gouvernement réserve à leurs enfants.

Toutefois, au niveau national, l’intersyndicale n’a donné aucune véritable perspective, notamment pour sortir la lutte du 93 de l’isolement. Après la grève du 19 mars, elle a appelé à une grève le 2 avril, deux semaines plus tard, et à quelques jours du début des vacances de la région parisienne… Et, surtout, sans donner aucune perspective sur la suite, si ce n’est « inscrire l’action dans la durée ». Ce qui est sûr, c’est que, après le 2 avril, il faudra continuer la mobilisation, y compris pendant cette période de vacances en escalier, afin de s’y remettre toutes et tous ensemble à la rentrée, et faire enfin reculer le gouvernement !

Correspondants

 

 

(Article paru dans Révolutionnaires numéro 12, avril 2024.)