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Élection présidentielle américaine : de deux maux le moindre ?

La campagne présidentielle américaine a de quoi inquiéter tous ceux que l’idéologie raciste, autoritaire, voire fascisante de l’extrême droite trumpiste révulse. D’autant que la digue démocrate semble faire monter son niveau plutôt que protéger de sa montée.

Festival réac chez les républicains

Des expulsions massives d’immigrants aux nouvelles restrictions à l’avortement, en passant par la répression policière des manifestations, la restructuration de la fonction publique pour l’inféoder politiquement à Trump et des réductions d’impôts massives pour les riches, le programme du candidat des républicains coche toutes les cases du pandémonium réactionnaire. Il s’en prend aussi aux femmes et aux personnes LGBTI+, jusqu’à vouloir purger bibliothèques et écoles de tout livre mettant en cause la famille traditionnelle et la domination masculine sur la société. Trump prétend que le changement climatique est une invention de la gauche pour attaquer le mode de vie américain ; il promet de mettre par terre tout ce qui protège l’environnement des déprédations des capitalistes. Et on pourrait longtemps continuer la liste…

Les Américains sont-ils devenus fous, pour vouloir remettre au pouvoir un homme d’affaires véreux doublé d’un incapable (qu’on se souvienne de son absence totale de réaction à la pandémie de Covid-19…) ? Non, à l’évidence.

Le triste bilan des démocrates

Le haut niveau d’intentions de vote pour Trump s’explique d’abord par le bilan de l’équipe démocrate au pouvoir. Le président Joe Biden a cédé sa place de candidat à sa vice-présidente Kamala Harris parce qu’il souffrait d’un début de gâtisme, mais plus encore d’impopularité. Sous son mandat, l’inflation a explosé, rendant prohibitives les dépenses de santé. Les coûts du logement et de l’énergie ont plus que doublé. Quant aux prix des denrées alimentaires, ils ont augmenté de 25 % depuis 2019. Certes, Biden soutient officiellement certaines des grèves qui secouent le pays depuis un an et demi afin d’arracher aux patrons d’indispensables augmentations des salaires. Mais son administration s’efforce surtout d’y mettre fin au plus vite, quitte à appuyer des « deals » défavorables aux grévistes. Le taux de chômage réel se situe autour de 9 %, le double des chiffres officiels. Et sur toute une série de sujets comme la politique anti-migrants, les démocrates se sont alignés sur les républicains.

L’avenir est aux travailleurs révolutionnaires

Démocrates et républicains représentent tous l’élite riche qui les finance. Les deux partis gèrent un système qui détruit la planète, mène des guerres impérialistes et attaque les conditions de vie de la majorité laborieuse de la population. On comprend que nombre d’Américains, effrayés du danger que représente Trump, votent démocrate. C’est d’ailleurs devenu le principal argument de la campagne de Harris. Mais que Trump gagne ou perde, le virage d’extrême droite des républicains se poursuivra, car les démocrates sont impuissants à l’arrêter.

Pour que les intérêts du monde du travail soient représentés dans cette élection, il faudra qu’un parti se consacrant à leur défense en lève l’étendard. D’autant plus que l’instabilité de la situation ne va probablement pas se résorber, quel que soit le résultat, avec une extrême droite qui soit sera galvanisée par une victoire de Trump, soit n’acceptera pas la victoire de Harris. De petites organisations d’extrême gauche s’attellent comme elles le peuvent à la tâche, sans pour le moment parvenir à se présenter dans tout le pays. L’avenir est néanmoins de ce côté-là, celui de la lutte résolue des travailleurs contre tout ce qui les divise et les affaiblit.

Mathieu Parant, le 27 octobre 2024

(Article paru dans le numéro 21 de Révolutionnaires)