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Encore plus d’EPR ? Le lobby du nucléaire ne manque pas d’air !

Texte du tract distribué à la manifestation du 12 octobre 2024 à Rouen

Télécharger ici la version PDF du tract

Il y a déjà en Normandie :

    – huit réacteurs nucléaires sur trois sites (Penly, Paluel, Flamanville) ;
    – l’énorme usine de stockage de déchets nucléaires qui déborde à La Hague ;
    – de multiples convois routiers et ferroviaires de matières radioactives ;
    – le chantier interminable et accidentogène jusqu’à la mort (deux ouvriers tués en 2011) de l’EPR de Flamanville, un fiasco financier et industriel, qui, après 17 ans de travaux et un budget multiplié par six, ne fonctionne toujours pas…
    – Et on devrait donc avoir en plus un EPR2 à Penly…

Alors est-ce bien nécessaire de construire un EPR « deuxième génération » à Penly… et tous les autres EPR2 prévus par le plan de relance du nucléaire entériné par Macron en février 2022 ? 
 
* Non le nucléaire n’est pas une énergie propre !

On sait par exemple que cette industrie contribue à la hausse de température de l’eau des fleuves dont elle se sert pour refroidir les centrales et qu’elle en modifie ainsi la biodiversité. Elle émet aussi des gaz à effet de serre lors de la construction des centrales et de leur démantèlement, car aujourd’hui encore l’énergie en général est principalement carbonée.

La question des déchets n’est pas réglée : l’enfouissement des ordures ménagères est interdit à partir de l’année 2030 ; par contre l’enfouissement des déchets radio-actifs à période longue est autorisé, car on ne sait toujours pas les retraiter malgré les promesses à ce sujet au moment du développement du nucléaire civil. La méga-poubelle de déchets nucléaires prévue à Bure est une menace terrible pour la santé des salariés et des populations environnantes, une hypothèque sur l’avenir de cette région pour des milliers d’années. L’exploitation des centrales nucléaires n’est jamais totalement indemne d’incidents, y compris en France. Lorsque des accidents graves se produisent, comme à Tchernobyl en 1986, la radio-activité libérée pollue des régions entières pour des décennies au moins, et les gouvernements n’hésitent pas à exposer les populations aux rayonnements, comme à Fukushima où, depuis quelques années, le gouvernement japonais incite les populations évacuées après l’accident de 2011 à retourner vivre dans la zone sinistrée. 
 
* Non, cette industrie nucléaire aux mains des capitalistes n’est pas l’avenir !

Selon le World Nuclear Industry Status Report, l’électricité nucléaire est globalement en déclin sur la planète. Sa part dans la production mondiale a reculé, passant de 17,5 % en 1996 à 9,1 % aujourd’hui, en dépit du programme d’équipement chinois, qui a fait sortir de terre 49 réacteurs en 20 ans. Les « petits réacteurs modulaires » que certains présentent comme une alternative aux programmes pharaoniques type EPR sont abandonnés les uns après les autres.

Par contre, sur les 213 réacteurs mis hors service dans le monde, 23 seulement ont été démantelés. S’engager plus avant dans la construction de réacteurs, c’est accroître le poids de ce démantèlement pour les générations futures. C’est remplir la poubelle alors qu’on ne sait toujours pas comment la vider…
 
* Non, nous n’avons rien à gagner avec la soi-disant « indépendance énergétique » nucléaire !

Les industriels du nucléaire, ainsi que tous les politiciens au service de la bourgeoisie, vantent le nucléaire et son développement comme une garantie « d’indépendance » de la France. Pour la France des grands patrons, c’est certain ! C’est évidemment en faisant mine d’oublier que l’uranium arrive de pays étrangers comme le Kazakhstan, le Canada ou le Niger. Sans parler des conditions de travail des salariés dans ces pays pour extraire ce minerai, la France s’approvisionne en uranium « quoi qu’il en coûte » : accords avec des dictateurs ou présence militaire directe.

Le nucléaire, pour la France, c’est aussi le nec plus ultra de sa puissance militaire de grande puissance impérialiste. Le nucléaire est donc aussi à la source de grands mensonges d’État depuis ses origines. On peut rappeler l’histoire « du nuage de Tchernobyl qui s’était arrêté à la frontière »… Avoir peur du nucléaire n’est pas patriotique !
 
* Non, le nucléaire n’est pas synonyme de factures d’électricité moins chères pour les classes populaires

Les multinationales qui exploitent la filière du nucléaire sont des entreprises capitalistes guidées par la recherche du profit maximum. Et dans ce processus capitaliste, les profits sont privatisés et les pertes socialisées ; ainsi de l’endettement vertigineux d’EDF (41 milliards d’euros en 2020) auquel il faudra ajouter 100 milliards d’euros pour le rafistolage des réacteurs en fin de vie, 35 milliards pour l’enfouissement des déchets et le démantèlement n’est jamais compté. Le nucléaire coûte plus cher que les autres énergies quand on calcule tout.  
 
* Non, le nucléaire ne contribue pas au progrès !

Capitaliste dans l’âme, l’industrie du nucléaire est a toujours freiné les recherches et l’utilisation de produits de substitution. Comme le lobby du pétrole, celui du nucléaire a tout intérêt à dénigrer toute proposition, toute recherche, toute initiative visant à utiliser les sources d’énergie renouvelables ou moins polluantes.

La dangerosité intrinsèque et critique des centrales nucléaires oblige à les garder comme des forteresses assiégées… mais la sécurité des milliers de salariés qui y travaillent, en particulier des sous-traitants, les patrons et l’État s’en moquent bien ! L’origine militaire de l’électricité nucléaire (un de ses buts est de faciliter de la production des matières fissiles nécessaires aux armes nucléaires et d’en amortir les coûts) a favorisé plus encore que dans les autres industries un secret étendu et protégé par des moyens policiers importants. De telles technologies devraient pourtant être soumises au contrôle le plus intensif par les salariés qui y travaillent et par les populations concernées avec l’aide de spécialistes scientifiques. Cela implique une transparence totale sur les risques et leur gestion, donc la levée des secrets industriels et militaires.

* Quelle énergie produire pour quels besoins ?
 
La consommation énergétique mondiale n’a cessé d’augmenter à une vitesse fulgurante durant les dernières décennies : c’est la production capitaliste et la recherche du profit à tout prix qui en est la cause principale. Si on ne veut plus voir raser des hectares de forêts pour y planter des panneaux photovoltaïques, si on ne veut plus mourir de cancers liés à la radio-activité, si on ne veut pas non plus voir extraire et consommer du charbon ou bien voir se développer les exploitations de gisements de gaz de schiste, il faut aussi prendre conscience qu’on ne peut pas considérer les problèmes énergétiques ni la technologie indépendamment de l’organisation sociale qui la met en œuvre, ni envisager les problèmes environnementaux (comme leurs éventuelles solutions) indépendamment de la société qui se les pose, de la classe sociale qui organise la production !

• Aujourd’hui, dans la société actuelle, nous devons exiger la transparence, le contrôle par les travailleurs et l’arrêt de la sous-traitance qui expose les salariés les plus précaires aux risques les plus importants. Réduire progressivement la part du nucléaire dans la production d’électricité apparaît comme une nécessité au vu des risques que cette industrie comporte aujourd’hui et pour le futur. Et donc d’opérer au plus vite le passage à une énergie dénucléarisée et décarbonée, donc renouvelable.

• Mais il ne faut pas se leurrer : la transparence, dans l’industrie nucléaire comme dans toute la production, ne sera jamais complète tant que le pouvoir sera détenu par la classe capitaliste. Il faut retirer aux capitalistes de tous les secteurs, dont le nucléaire, et à leurs serviteurs de l’appareil d’État, le pouvoir de nuire et de décider de nos vies. Ça suppose d’en finir avec le capitalisme et de construire une autre société gérée en fonction des intérêts généraux de la population et sous son contrôle, qui sera capable d’adopter démocratiquement, en toute connaissance de cause, les solutions les mieux adaptées à la sécurité collective comme aux besoins sociaux.