Nos vies valent plus que leurs profits

Engels et La question du logement

La crise du logement a accompagné le développement du capitalisme depuis le XIXe siècle. Engels montre dans ce texte les problèmes rencontrés par l’Allemagne lors de sa révolution industrielle. En quittant les campagnes, les travailleurs se sont retrouvés dans les grandes villes en pleine croissance, entassés dans des taudis, trop petits et souvent insalubres, quand ils n’étaient pas à la rue. Pour Engels, l’accession à la propriété n’est pas une panacée : les patrons peuvent en profiter pour baisser massivement les salaires, alors même que crédit et factures sont déjà difficiles à rembourser. La logique du profit rend impossible de répondre à la pénurie de logements : faute de planification, la demande et l’offre ne peuvent jamais coïncider. L’État a surtout cherché à déplacer la misère dans des quartiers séparés des quartiers commerciaux et des quartiers riches. Les objectifs de Haussmann, qui a dirigé la rénovation de Paris sous le Second Empire, tels que Engels les décrit rappellent ceux des « gentrificateurs » d’aujourd’hui.

Russie 1917 : l’expropriation des proprios

En Russie, le bouleversement des rapports de propriété introduit par la révolution de 1917 a également transformé en profondeur la question du logement. Dans un contexte de guerre civile qui rendait difficile la construction massive de nouveaux logements, et pour rendre effectif le droit au logement, le jeune État ouvrier a réquisitionné non seulement tous les logements vides, mais aussi ceux de la bourgeoisie et de l’aristocratie, qui ont alors été découpés pour y loger plus de monde.

Faute de moyens – et aussi parce que la dégénérescence stalinienne a laissé cette question de côté –, la crise du logement n’a pas été résolue, mais les logements insalubres, surpeuplés ainsi que les sans-abris sont devenus nettement plus rares.

Collectiviser tout le secteur de l’immobilier, y compris les sociétés immobilières et les entreprises de construction, pour loger tout le monde dignement : voilà qui a de quoi effrayer bien plus les grandes fortunes que l’indolore taxe Zucman !

Robin Klimt

 

 


 

 

Un toit, un droit ! — Sommaire du dossier de Révolutionnaires no 42