Il a fallu cent ans d’existence des chemins de fer pour que le réseau et les cheminots soient unifiés en une seule entité : la SNCF, créée en 1938. Alors que la mise en filiales de 4 500 cheminots du fret et 1 200 cheminots des TER, prévue pour la fin d’année 2024, rend très concret le choix de la bourgeoisie française de faire tourner la roue de l’histoire à l’envers, le Parlement anglais vient de décider la renationalisation du rail, face à l’incurie et l’impopularité provoquées par 30 ans de libéralisation.
Les gouvernants français espèrent que l’exploitation accrue des travailleurs du rail permette de réduire l’argent public nécessaire au fonctionnement du réseau. Et pourquoi pas, à terme, faire entrer cet argent public plus largement dans les circuits capitalistes privés en ouvrant les capitaux des grandes entreprises du secteur (SNCF, RATP, Transdev).
Tandis que les cheminots ont mené trois grèves nationales en 2014, 2016 et 2018 face au processus d’ouverture à la concurrence et la casse sociale qui l’accompagne (notamment la fin des embauches au statut cheminot à partir du 1er janvier 2020), la direction de la SNCF s’est préparée à cette libéralisation en salivant sur les réformes gouvernementales. En effet, elles lui ont fourni un nouvel arsenal juridique pour attaquer la réglementation du travail cheminote et ainsi obtenir des gains de productivité. Ces projets d’attaque sont bien plus devant nous que derrière nous et les patrons du ferroviaire, qu’ils s’appellent SNCF, RATP ou Transdev, n’auront pas la partie facile !
Franck Rouvier
Cet article est paru dans un dossier de Révolutionnaires no 24