
Nous publions une version remaniée de deux articles de nos camarades du groupe américain Speak Out Now. Les textes originaux sont accessibles sur leur site : Over 1 Million Protest in Defiance of Trump’s Attacks ; Protests Span the U.S. and Show the Anger!
Samedi 5 avril, des manifestations ont eu lieu dans tous les États-Unis, sous le mot d’ordre « Hands Off », bas les pattes ! Au moins un million de personnes se sont rassemblées et ont défilé, signe évident de la colère croissante face aux attaques de l’administration Trump contre les classes moyennes et ouvrières. La liste des injustices et des méfaits dénoncés est longue, mais un message est apparu clairement : il n’est pas admissible que les milliardaires s’enrichissent en détruisant nos conditions d’existence.
Des manifestations politiques d’une ampleur inédite depuis plusieurs années
Ces manifestations sont non seulement les plus importantes depuis le retour de Trump au pouvoir en janvier, mais aussi dans bien des cas, depuis les protestations massives qui avaient secoué le pays en 2020 après l’assassinat de George Floyd.
Les manifestations ont rassemblé des personnes de tous horizons et de tous âges, dont beaucoup manifestaient pour la toute première fois. Dans les cortèges, de très nombreuses pancartes faites maison s’opposaient à l’ensemble de la politique de l’administration Trump, condamnant les attaques contre la sécurité sociale (les retraites), Medicaid, Medicare, le système éducatif public, la recherche scientifique, les anciens combattants, les parcs nationaux, la poste, etc. Dénonçant aussi la chasse aux migrants, les graves atteintes aux droits reproductifs et à la liberté d’expression, les attaques contre les personnes transgenres et la répression accrue contre les militants. On entendait aussi une opposition nette au soutien de l’administration Trump à la nouvelle escalade militaire du gouvernement israélien dans son assaut génocidaire contre les Palestiniens.
Elon Musk, l’homme le plus riche de la planète, était aussi une cible de choix, lui dont le programme Doge est en grande partie responsable du licenciement massif de milliers de fonctionnaires fédéraux et de la suppression de nombreux programmes et organismes fédéraux.
De New York à Palm Beach…
Sous une pluie froide, à New York, 100 000 personnes ont défilé dans Manhattan, le long de la 5e Avenue, dans un cortège bruyant, enthousiaste et énergique. Le National Mall à Washington a également accueilli un rassemblement d’environ 100 000 personnes. Parmi les manifestants, de nombreux travailleurs du public (fédéraux, étatiques ou municipaux) et leurs syndicats, directement attaqués par Musk. En même temps à Washington, une autre manifestation, nettement plus marquée à gauche, était appelée par des organisations comme le Palestinian Youth Movement ou le Parti pour le socialisme et la libération (PSL). En défense des Palestiniens, elle a rassemblé au moins 40 000 personnes dont de nombreux groupes d’étudiants syndiqués ainsi que d’autres cherchant à créer un syndicat dans leur université, côte à côte de jeunes travailleurs de Amazon ou Google.
À Chicago, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dans le quartier central du Loop. Près de 10 000 manifestants ont rempli la Frank Ogawa Plaza, dans le centre-ville d’Oakland, et environ 3 000 les abords de la gare de Berkeley. De l’autre côté de la Baie, à San Francisco, des dizaines de milliers de personnes ont envahi la Civic Center Plaza. À Baltimore, plus de 1 000 personnes ont manifesté devant l’hôtel de ville après un rassemblement devant le siège national de la sécurité sociale. À Portland, Boston, Los Angeles et Atlanta, des dizaines de milliers de personnes ont aussi défilé.
Mais ces rassemblements n’ont pas eu lieu uniquement dans les régions où le vote pour les Démocrates domine, ni dans les grandes villes historiquement acquises à ce parti. À Portland et Augusta, dans le Maine, ce petit État de la Nouvelle-Angleterre qui revendique fièrement son indépendance, environ 3 000 personnes ont manifesté, et une dizaine d’autres rassemblements ont eu lieu dans tout l’État. En Caroline du Nord, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à Raleigh, tandis que des centaines ont manifesté à Durham et à Chapel Hill, et 3 000 autres à Charlotte. À Asheville, dévastée l’automne dernier par l’ouragan Helene et instrumentalisée par Trump dans sa campagne de réélection, 7 000 manifestants enthousiastes sont venus protester contre ses fausses promesses. Environ 3 000 personnes ont manifesté à Richmond, en Virginie, et des milliers d’autres à Austin, au Texas, la ville où Musk a implanté une méga-usine Tesla et où il a récemment élu domicile. Dans la petite ville de Macon, en Géorgie, 300 personnes se sont rassemblées, alors que, dans l’État du Vermont, trois petites villes comptaient chacune un millier de manifestants, sous une pluie froide. Dans l’Iowa, des centaines de personnes étaient présentes non seulement dans les grandes villes, mais aussi dans près d’une douzaine de petites, qui votent pourtant de façon constante pour les Républicains à toutes les élections.
Même dans l’Idaho, un État qui est devenu une sorte de terre promise pour les groupements chrétiens nationalistes suprémacistes blancs qui soutiennent Trump, quelques milliers de personnes se sont rassemblées à Boise, contre Trump et contre les récentes lois anti-transsexuelles adoptées par leur propre assemblée législative. Et en Floride, l’État d’adoption de Trump, des milliers de personnes ont manifesté dans des dizaines d’endroits. À Palm Beach, où Trump vit et joue au golf dans son complexe de Mar-a-Lago, trois rassemblements de quelques centaines ont eu lieu. Enfin, dans « The Villages », une communauté de riches retraités conservateurs du centre de la Floride, 2 000 manifestants ont battu le pavé.
Les Démocrates à la manœuvre… et à la peine !
Les manifestations étaient organisées par divers groupes et associations, dont beaucoup ont des liens avec le Parti démocrate. Dans bien des rassemblements, des orateurs membres ou proche de ce parti ont pris la parole, tentant de canaliser le mécontentement vers une voie de garage électorale. La seule façon d’arrêter Trump serait bien sûr de voter pour eux… manière de tenter de revitaliser un parti décrédibilisé, dont le silence est assourdissant depuis l’élection de Trump.
Les Démocrates vont certainement essayer d’apparaître comme les inspirateurs de ces mouvements, mais cela ne signifie pas qu’ils y parviendront. Pour beaucoup, en effet, il est évident qu’ils sont des défenseurs loyaux du même système que celui promu par Trump et sa clique de milliardaires. Obama et Biden ont tous deux expulsé plus d’immigrants que Trump. Les Démocrates sont tout aussi responsables du soutien au génocide commis par le gouvernement israélien à Gaza, du démantèlement des services sociaux, de la défense des patrons contre les travailleurs, de l’augmentation des dépenses militaires et des subventions aux plus grandes banques et entreprises.
We are the ones we have been waiting for… Nous sommes ceux dont nous attendions la venue
Une conscience de plus en claire est en train d’émerger : nos vies sont menacées et c’est à nous de riposter ; nous ne pouvons pas rester les bras croisés en attendant que les tribunaux – que Trump défie ouvertement – annulent les attaques ; nous ne devons rien attendre de nouvelles promesses vides des Démocrates ; notre avenir dépend de nous et de nos seuls efforts. Ces manifestations ont confirmé ce sentiment. Elles nous ont montré que nous nous sommes nombreux à vouloir manifester notre opposition.